St Procope serait né à "Chotouň" (bled près de "Český Brod") vers les années 970 à 990 après
Des centaines de légendes se rapportent à St Procope, et donc je ne peux m'empêcher de vous familiariser avec les plus connues. Encore gamin, les parents du petit Procope cherchaient vainement une source d'eau afin de creuser un puits sur leur domaine.
Après les légendes, les faits, car on sait quand même des
Iconographie, eh oui, aussi. Au tout début, au moyen-âge, on représentait St Procope en moine bénédictin, parfois glabre, parfois barbu, habillé en robe de bure avec capuche et larges manches, accompagné d'une crosse dans la main, ou/et d'un livre, et parfois d'une biche à ses pieds qui lui donnait son lait à boire (comme à St Ivan de Bohême, pareil). Il était filmé comme ça jusqu'au XIV ème siècle où il commença à évoluer. D'abord on lui mit une mitre sur la tête pour faire plus abbé (ah bon?), et avec toutes ces légendes liées au diable apprivoisé par St Procope, on le représenta très souvent (à partir du baroque) en compagnie de son faire-valoir enchaîné à (voire sous) ses pieds. Sur les tableaux, eaux fortes, gravures... on aperçoit parfois en arrière plan le monastère de "Sázava", et parfois pas. A partir du XVII ème siècle, on commença à illustrer les biographies et les légendes de St Procope par des images nombreuses, cependant pauvres iconographiquement (industrialisation, production de masse, médinechaillenatisation). Au XVII ème siècle, on rajouta aux gravures de l'ermite d'autres ermites comme St Ivan de Bohême, St Gunther ou St Adalbert. Finalement en période romantique (XIX ème siècle), l'ermite Procope devint un sujet fréquent d'inspiration pour les artistes d'alors ("Josef Václav Myslbek", "Mikoláš Aleš"...) de par son aspect contemplatif, détaché du matériel, quasi-hippie mais aussi pour son symbolisme national et son authenticité slave.
Le culte de St Procope s'est particulièrement développé à partir du XVI ème siècle sous la forme de sculptures (innombrables), d'églises consacrées (innombrables aussi), mais encore sous la forme de poèmes
Et tiens, quelques oeuvres littéraires grandioses du monastère de "Sázava". Ici furent traduites dans la seconde moitié du XI ème siècle les 40 homélies de Grégoire le grand ("XL homiliarum in evangelia libri duo") du Latin en Slavon. Outre que ce texte est considéré comme un exemple de simplicité stylistique et d'enseignement moral (euh...), il est le plus long jamais écrit dans la période des princes Prémyslides. Lorsque nos moines slaves furent définitivement chassés du monastère (en 1097), la traduction arriva en Kievorus où curieusement, elle conserva durant les siècles ses caractéristiques ouest-slaves en particulier lexicographiques et paléographiques. La version originelle a certes disparue, mais on compte encore 16 copies fidèles (en cyrillique majuscule) et complètes (grâce à la tradition russe du manuscrit), qui s'étalent entre le XIII ème et le XVIII ème siècle.
Maintenant parlons un peu du monastère. Créé donc en 1032, ou n'importe quand vers cette époque, il devint rapidement un lieu d'importance (déjà dit). Au début, les experts pensent que le monastère était en bois, pour être reconstruit en pierres dans le courant du XI ème siècle (c'est de l'info ça). En 1095, lorsque l'église romane (et donc en pierres) fut goupillonnée à l'eau bénite, elle se composait alors d'une seule nef et de 2 tours à cloches, cependant elle n'était pas totalement terminée, l'église, du coup les moines latins durent s'atteler à la tâche de la terminaison. Mais à court de finances, ben ça n'avançait pas. Par contre, ailleurs ça avançait rapidement. Les premières maisons civiles (non religieuses) furent construites à l'est du monastère, de l'autre côté de la rivière et donnèrent naissance au village de "Sázava" (mentionné pour la première fois en 1436). Et pour ne pas laisser la brebis égarée perdue, les moines construisirent aux pauvres bougres villageois l'église de la Ste croix dont vous pouvez voir les fondations dans le jardin de derrière (j'y reviendrai). Pis au milieu du XII ème siècle, on mit les bouchées doubles, et l'église mono-nef devait se transformer en basilique à 3 vaisseaux richement peinte dans le dedans. Mais elle ne fut jamais terminée, seul le vaisseau sud, la tour et le presbytère (qui deviendra l'église d'aujourd'hui) furent érigés. Le cloître, la piaule de l'abbé et l'hospice à pèlerins alors encore en bois furent remplacés par de la bonne pierre.
Dans le gothique, on distingue 2 périodes: vers 1340 (parfois 1315), ce sont les augustins du couvent de "Roudnice" qui se mirent à la tâche, parce qu'ils avaient fini le leur, de couvent, et qu'il leur restait du plâtre en rab. Puis vers les années 1360, ce sont les compagnons de Matthieu d'Arras qui remplacèrent les moines et changèrent les plans d'origine, ce qui ne se voit absolument pas. Nos gaillards s'activèrent ainsi jusqu'aux guerres hussites qui finirent par les rattraper. De fait, la fantastique église en grès rose que vous pouvez encore voir aujourd'hui n'est pas en ruine, mais simplement non terminée, laissée en l'état qu'elle était en 1421, lorsque les armées hussites envahirent le domaine pour en prendre possession. Note positive tout de même sur cette période, contrairement à d'autres monastères, couvents et abbayes, "Sázava" ne fut pas détruit brulé. En 1427 est mentionné propriétaire le sieur hussite et morave "Boček z Jevišovic a Kunštátu" (attention, parfois "Boček z Kunštátu a Jevišovic", c'est le même), mais pas plus lui que les autres ne manifestèrent un profond intérêt pour les bâtiments qui, sans entretien, tombèrent doucettement en ruine. En 1547, Ferdinand Ier confisqua le domaine à son propriétaire d'alors ("Diviš Slavata z Chlumu") pour avoir pris part à la révolte des Etats.
En 1746... allez, tiens, devinez-voir, qu'est-ce qui n'est pas encore arrivé au couvent? Eh ouais, un incendie, un vrai qui détruisit tout, l'église, le cloître et les dépendances. Du coup, l'abbé "Slančovský" se décida pour une complète réfection de l'église comme du monastère, et fit appel au plus grand de tous, "Kilián Ignác Dientzenhofer", lequel s'y colla grave dessus, sur l'église, le cloître, le réfectoire... enfin sur la plupart des édifices tout en conservant l'aspect intérieur d'origine (ce qui restait). Quant à la déco picturale, hop on l'a filée à "Jan Karel Kovář". Pas spécialement connu, ce bon bougre s'est pourtant distingué sur la chapelle St Laurent de "Kladno" ("kaple sv. Vavřince"), l'église St Venceslas du couvent de "Broumov", le palais de "Smečno" ou encore sur le couvent de "Břevnov". Bref... donc ce que l'on peut voir aujourd'hui de lui, ce sont les fresques du réfectoire ou encore l'horloge solaire dans le jardin intérieur, mais sur les murs et le plafond du cloître... (j'y reviendrai). En 1785, le monastère fut sécularisé par les réformes de Joseph II et passa dans le privé. L'église monacale quant à elle fut transformée en église paroissiale pour les besoins spirituels du village (en 1788, et devint St Procope à la place Ste Marie de l'assomption et St Jean-Baptiste) et le reste des dépendances
Quelques mots du parc où que les fondations de la Ste croix s'y trouvent. D'abord il est à signaler que ces fondations furent mises à jour seulement dans les années 1970 lors de vastes fouilles (bon courage :-) et qu'il fut également trouvé moult fourbis (outils, poteries, restes de cassoulet...) qui attestent de la présence humaine laïque en ce parc lors du tout premier peuplement vers 1061 (au retour de moines de Hongrie). A partir de la fin du XIII ème siècle, l'endroit devenant exigu, nos laïcs commencèrent à s'installer de l'autre côté de la rivière. Au XIV ème siècle (peut-être même avant) un mur d'enceinte protégeait le monastère comme les moines, et encore aujourd'hui on peut en voir des restes sous la forme des murs entourant le parc.
Retour au cloître.
Parlons maintenant de la salle du chapitre, et plus particulièrement des fresques gothiques d'environ 1340 (1370 selon une autre source) tout à fait exceptionnelles
Bon, encore un mot sur le miraculeux tableau de St Procope qui se trouve dans l'église du monastère. Il aurait été peint vers 1600, bien après la mort du saint (ce qui explique qu'il ait les yeux fermés) et se trouvait alors dans le cloître. En 1638, une jeune fille aurait vu le visage de St Procope sur le tableau se mouvoir, comme vivant, ouvrant les yeux et regardant autour de lui. Elle collapsa (d'abord qu'est-ce qu'une jeune fille foutait dans un cloître de moines abstinents?). Rebelote en 1660 sous les yeux des sieurs "z Louňovic" et "ze Šternberka" (à nouveau que foutaient ces 2 bougres dans un cloître de moines?). Du coup on mit le tableau en l'église, plus appropriée aux miracles qu'un cloître aspirant au calme et à la sérénité. Mais ça continuait tout plein, en 1710, devant des témoins avérés comme "František Maxmilian Kaňka" (ce dont on peut grandement douter car c'est son père "Vít Václav" qui s'occupa de la reconstruction du monastère), devant le prêtre en pleine messe, et même des bus entiers de touristes japonais virent le St Procope faire l'andouille au tableau (mais pas une photo témoin, c'est interdit). Devant tant de témoignages irréfutables, l'archevêque de Prague envoya une commission d'enquête enquêter. Et paf, même devant eux, Procope leur faisait des clins d'oeil. En 1711, le tableau fut déclaré "vénérable". En 1746 le tableau survécut par miracle à l'incendie. En 1764 quelques 85 témoins affirmèrent par écrit sous la foi du serment qu'ils virent St Procope ouvrir les yeux, changer d'expression du visage, et se gratter les roubignoles de sa crosse. Les derniers témoins d'un miracle (daté du 20 juillet 2006) seraient des guides et administrateurs du monastère qui, aux dires de l'abbé, ne seraient même pas croyants (ce qui amplifie leur crédibilité, pour sûr).
Encore un miracle, un vrai. Au monastère se trouveraient encore la tasse et la cuillère en bois de St Procope (mais je ne me souviens pas de les avoir vues), qu'étant petit, il aurait adroitement sculptées de ses mimines à l'atelier de travaux manuels de la garderie de "Sázava". Cette vaisselle est miraculeuse, et a le pouvoir de guérir (les malades, de nombreuses preuves existent). Mais encore plus miraculeux, est l'histoire de ces objets, telle qu'elle nous est rapportée par le webmaster de la paroisse romaine-catholique dudit village. "Lors des guerres hussites, la tasse fut volée, mais dieu veilla à ce qu'elle ne se perdit point. Ceux qui la volèrent, la jetèrent sur le chemin qui mène du monastère par le mont Veletín vers Prague. Quelques temps plus tard, une femme de Sázava la trouva, et l'apporta aux sieurs z Valdštejna à Komorní Hrádek. Durant la guerre de 30 ans, la tasse fut également protégée de la destruction voire du vol, et en l'an 1669 rendue au monastère. Après la désacralisation par Joseph II, la tasse se perdit à nouveau pour être retrouvée avec la cuillère en 1811 à Broumov. Le propriétaire de l'église Vilém Tiegel ainsi que le curé de Sázava Jan Chmel réussirent à rapatrier les souvenirs au monastère où ils se trouvent encore, dans la sacristie." S'en suivent quelques descriptions de miracles dont furent gratifiés les bienheureux qui burent à la Ste tasse. Sans dec, à la lecture de ce texte, comment ne pas croire fermement en St Procope et aux miracles, à moins d'être comme moi aveuglincrédulidiot? Et si vous croyez aux miracles, alors regardez les 56 mètres de la tour gothique, cherchez et trouvez toutes les étoiles en pierre qui se trouvent dessus, sur les murs extérieurs de la tour.
En conclusion, le monastère de "Sázava" est à voir et à visiter sans aucun doute. Il est à voir et à visiter pour son architecture, pour son histoire, et pour tout ce qu'il représente dans la culture tchèque (voire slave), religieuse comme laïque. Remerciements spéciaux à Madame la conservatrice qui fut non seulement accueillante, charmante, mais compréhensive de surcroît puisqu'à la question du photographiage, elle répondit en souriant "goupillez ça discrètement avec la guide, mais chuis sûr qu'elle vous laissera prendre quelques photos." Remerciements spéciaux à la jeune guide qui fut non seulement accueillante, charmante, mais compréhensive de surcroît puisqu'à la question du photographiage, elle répondit en souriant "discrètement et rapidement, mais attendez que les autres touristes quittent la salle." Griefs spéciaux aux imbéciles visitant comme nous et qui non seulement moisissaient bêtement dans toutes les salles afin que je ne puisse pas photographier, mais surveillaient ma conduite de surcroît (je finis par ne pas faire la moindre photo afin de ne pas mettre la petite dans l'embarras vis-à-vis de cette bande de misérables peigne-culs au comportement de collabos sous l'occupation con-muniste, les sales cons indécrottables).