Magazine Bien-être

5 ans

Publié le 11 janvier 2012 par Joseleroy

5 ans

Le philosophe et mystique Douglas Harding nous a quitté le 11 janvier 2007, jour pour jour.

Mais son enseignement est plus vivant que jamais. Nous sommes nombreux à travers le monde à trouver dans La vision sans tête une voie simple, claire, directe pour  nous éveiller à notre vraie nature et beaucoup d'enseignants de la non-dualité s'en inspirent largement même s'ils ne le citent pas.

Je me souviens d'une conférence qu'il fit à Paris devant plus de 120 personnes au début des années 1990. Après avoir salué l'assistance, immédiatement, sans aucun  délai, il invita les personnes à retourner leur index vers leur regard et leur demanda : "Que voyez-vous dans la direction de votre doigt ? Une tête ou bien rien? Rien n'est-ce pas? Vous ne voyez pas le monde à partir d'une tête, mais à partir de l'espace vide." Et après cet exercice qui dura à peine 5 minutes, il rajouta : "Voilà, c'est évident, n'est-ce pas? , simple et évident. Je vous ai dit l'essentiel. Vous pouvez maintenant tous rentrer chez vous." Et il rajouta "Mais puisque vous êtes là, je vais vous montrer d'autres expériences."

Simple, direct, évident : l'enseignement de Douglas est un chemin sans chemin qui est d'une efficacité puissante pour revenir à soi-même.

Voici l'oraison que j'ai prononcée dans la petite église de Nacton pour ses funérailles.

"Je ressens depuis la mort de Douglas de la tristesse mais aussi une immense gratitude et je me sens privilégié de l'avoir connu.
Cette tristesse est naturelle car nous perdons un ami d'une grande humanité et d'une exceptionnelle intelligence. Nous sommes ici avec Catherine, sa femme, ses amis et nous ressentons une perte immense.
Cependant nous ne sommes pas ici pour des funérailles ordinaires, mais pour les funérailles extraordinaires d'un homme hors du commun. En effet, Douglas n'a cessé de parler de sa propre mort et de s'y préparer. Il avait l'habitude de dire dans ses ateliers : Douglas est une denrée périssable. Il n' a cessé de nous rappeler que notre apparence humaine est impermanente, transitoire. Tout ce qui est né doit mourir. Tout est impermanent.
Alors s'il n'y avait que ce message, sans doute il n'y aurait que la tristesse. Mais Douglas nous a donné aussi un autre message. Il nous a dit aussi que ce qu'il était vraiment, vraiment ne pouvait pas mourir. Au centre de moi-même, disait-il, je suis éternel, hors du temps, pour toujours et à jamais. Ainsi dans le Procès de l'homme qui disait qu'il était Dieu, par exemple, où il se met en scène dans la peau de John a Nokes, on lit:
« Toute chair est comme l'herbe. Les humains apparaissent, puis disparaissent. Comme les marchandises dans le magasin, ils ont une durée de vie limitée.
John a-Nokes en tant que John a-Nokes est biodégradable, et avant longtemps je serai dispensé d'être lui, pour toujours. Je dis : on assez vu John a-Nokes, et l'univers est d'accord. Pour vous il est une créature éphémère. Un mortel à coup sur!
Mais pourquoi m'inquiéterais-je ? Ici, c'est une toute autre histoire. Ici, à 0 centimètre de moi-même, à un mètre ou deux de ce type presque foutu, rayonne l'éternel. C'est Ici qu'est sa demeure. »
Il citait aussi fréquemment ces vers de Saint-Paul:
« Ô Mort, où est ton aiguillon ? Ô Tombe, où est ta victoire? »
Et Douglas répondait à Saint-Paul, là à un mètre dans le miroir je vois la victoire de la mort, mais ici au centre, je suis immortel, car ici je ne vois rien, ici il n'y a rien et un rien ne peut mourir.
La mort a vaincu le petit Douglas, mais pas ce qu'il est vraiment, la Non-Chose éternelle, immobile et infinie. Il faut relire ce livre merveilleux qu'est le petit livre de la vie et de la mort tout entier consacré à la découverte ce notre vraie nature hors du temps.
Alors oui je ressens de la tristesse pour la perte de mon ami Douglas, du meilleur de mes amis. Je me souviendrai toujours de sa générosité, de son désintéressement, de sa disponibilité, de son humilité, de son humour : jamais il ne s'est présenté comme un maître, mais juste comme un ami souhaitant partager avec ses semblables le trésor de notre vraie nature.
Et je ressens aussi de la gratitude, une gratitude infinie, pour Douglas, pour avoir inlassablement transmis une voie d'accès direct et simple à notre vraie nature. Son enseignement si original si puissant a donné la possibilité à des milliers de gens à travers le monde de découvrir par eux-mêmes ce que la mort ne peut vaincre.
Je ressens de la gratitude pour cette merveilleuse incarnation de la source qu'était Douglas, même si lui disait toujours « Oh tout cela, la Vision Sans Tête, n'est pas venu dans le monde grâce à Douglas mais malgré Douglas!! »
Ce qu'est vraiment, vraiment Douglas je le trouve ici en ce moment dans le maintenant éternel, exactement ici au-dessus des épaules, à zéro centimètre. Ici, je trouve ce que Douglas appelait le pays de la clarté éternelle.
Alors Douglas nous te disons merci ; merci d'avoir en partant laissé la porte grande ouverte vers ce qui jamais ne meurt.
Maintenant, nous avons une dette envers toi celle de partager la vision de notre vraie nature. Nous savons ce que nous avons à faire, nous savons comment le faire, et nous savons quand le faire.
Alors il ne s'agit pas ici et aujourd'hui seulement de funérailles mais aussi de la célébration du Dieu Vivant qui jamais n'est né et jamais ne meurt, ce Dieu que nous découvrons ici et maintenant, tel que simplement Douglas nous l'a montré, en retournant la flèche de notre attention de 180°.
Il a écrit dans son petit livre de la vie et de la mort: « Quittez votre état périphérique de troisième personne et rentrer Chez Vous, au Centre, où vous retrouverez votre nature de Première Personne. Laissez la petite personne mortelle là-bas, dans le miroir, et revenez vers le JE immortel, Ici, devant le miroir. Soyez l'éternel MOI que vous êtes déjà. »
Merci Douglas.


Amen."

J. Le Roy

Dans Le Petit livre de la vie et de la mort, Douglas avait dessiné ceci avec ce commentaire :



"Voici ma gatha, mon épitaphe, ma pierre tombale"

5 ans


Retour à La Une de Logo Paperblog