Magazine

Des femmes murées dans leur silence

Publié le 05 mars 2008 par Theophile

Violenceconjugalefemmebattue2

U
ne femme victime de violences physiques au sein de sa famille sur cinq ne porte pas plainte et ne parle à personne (police, ami, médecin, etc.) de ces agressions, révèle jeudi une enquête de l'Insee (Institut français de la Statistique et des Études Économiques) réalisée dans des conditions de confidentialité inédites.

Pour les violences sexuelles, la proportion de victimes murées ainsi dans leur silence est même de une sur trois, selon l'étude réalisée entre janvier et mars 2007 auprès de 17.500 personnes. "Et quand la victime se confie, c'est rarement à la police", qui ne reçoit que 12% des victimes (plainte ou main courante) pour les violences physiques, et 8% pour les violences sexuelles, "soit globalement à peine une sur dix".

Besoin d'une écoute
Quand elles se décident à parler de l'agression subie, c'est plus souvent à un proche ou un ami (42%) ou à un professionnel (19%) qu'à la police. "Tout se passe comme si elles cherchaient davantage à être comprises et soignées que vengées, ou comme si elles n'avaient pas confiance dans les chances de voir leur agresseur puni", commentent les auteurs de l'étude.

Au total, 6% des femmes âgées de 18 à 59 ans disent pourtant avoir été l'objet d'injures sexistes, 2,5% avoir été agressées physiquement et 1,5% avoir subi un viol ou une tentative de viol en 2005 ou 2006, selon les témoignages recueillis.

"Une fois sur deux, c'est le conjoint qui est l'auteur des violences envers la femme à l'intérieur du ménage. C'est même le cas trois fois sur quatre quand il s'agit de violences sexuelles". Dans le cas des viols, un sur cinq est perpétré par l'ex-conjoint et la moitié des victimes connaissaient leur agresseur, selon l'étude.

Parler
Comment les enquêteurs de l'Insee ont-ils réussi à "faire parler" ces femmes de violences qu'elles n'ont jusqu'ici osé rapporter à personne?Comment libérer leur parole quand quelqu'un du ménage, peut-être même leur bourreau (mari, ami, fils, père, mère, etc.), est présent dans la pièce pendant le questionnaire? Sans doute en grande partie grâce à un procédé jusqu'ici jamais utilisé pour ce type d'enquête: un casque qui isole la personne interrogée de son entourage et lui permet d'être seule à entendre les questions.

Quand on lui demande dans le casque relié à un ordinateur portable "en 2005 ou 2006, est-il arrivé qu'une personne qui vit actuellement avec vous, vous gifle, vous frappe, vous donne des coups ou vous fasse subir toute autre violence physique?", elle se contente de taper sur une touche correspondant à "oui" ou "non". Le questionnaire devient alors de plus en plus précis: "à quelle fréquence ont lieu ces violences? par qui?, etc.", sans que personne alentour, pas même l'enquêteur, ne connaisse les questions et réponses qui sont ensuite dépouillées anonymement par un centre informatique.

Jusqu'ici silencieuse, la victime peut ainsi - parfois pour la première fois - exister en tant que telle, une étape symbolique importante quand on sait la culpabilité et la honte souvent ressenties par les femmes battues. Elles ne sont pas les seules: les hommes sont aussi parfois victimes de violences conjugales, physiques ou sexuelles: "moins nombreux que les femmes, ils taisent ces violences encore plus certainement".


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Theophile 7 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog