Quatrième de couverture: À l’extrême ouest du Maghreb, tête de pont vers les Amériques, point de passage vers l’Europe par le détroit de Gibraltar, le Maroc un carrefour d’influences unique au monde où se mélangent modernité et traditions.Son ancrage dans la civilisation arabo-musulmane est total et les splendeurs de son patrimoine sont restées intactes. Mais, ni plus ni moins que dans d’autres pays de la rive sud de la Méditerranée, le « Printemps arabe », qui débuta avec le geste désespéré d’un jeune Tunisien, résonne ici aussi dans toutes les têtes. Si ces révolutions ont un visage, c’est celui de la jeunesse. Et avec le surgissement de cette brûlante soif de liberté, la liberté de penser et d’écrire s’est également manifestée, comme en attestent les textes pour certains très étonnants de ce recueil. Ils sont l’expression incontestable d’un moment historique, revendiqué par de jeunes écrivains, hommes et femmes, qui s’expriment haut et fort, parfois avec des mots crus, sur le sexe, la drogue, la religion, la violence politique, la situation des femmes : tout ce qui pouvait être tabou jusqu’ici.Ce recueil s’inscrit plus que jamais dans l’actualité et démontre que la littérature peut dire autrement le monde qui change.Auteurs Mohamed Leftah, Abdellah Taïa, Karim Boukhari, Fadwa Islah, Adbelaziz Errachidi et Zineb El Rhazoui
Extrait: La nuit peut répandre sa pénombre, l'homme est fatigué, seul au coeur de l'obscurité; le ciel ressemble à une coupole lointaine et la terre à la nuit éternelle. Le désert a ce don de se camoufler, faisant disparaître la distance. Reste le vide. La non-existence. Les êtres ici peuvent bien ouvrir la bouche au vide pour se nourrir du froid, le vent chaud des sables peut bien souffler même pendant la nuit, Aicha Kandicha ne reconnaît pas son temps. Aicha Kandicha la rebelle peut survenir à n'importe quel moment. Aicha la maligne qui surgit des nuits de toutes les histoires. Cette femme qui change facilement de couleurs, de traits de visage mais ne peut jamais changer la forme de ses pieds... comme elle est énorme sa tristesse! Elle était debout devant lui, ses dents touchaient presque la terre; avec ses oreilles d'âne, elle lui dit:- Tu vois mes dents?Mais lui ne bougeait pas. Son coeur ne connaissait ni peur, ni inquiétude, ni chaos; il ne fondait pas devant elle comme la neige sous le soleil; il ne tremblait pas et s'offrait plutôt dans sa plénitude dictée par son instinct nomade et sa capacité d'affronter toute possibilité.Il ne trembla guère, mais chercha son épée et ne la trouva pas. Il se rappela ce que racontait sa mère sur son ancêtre qui avait affronté Aicha la rebelle avec son épée, et dit:- Et toi, ne vois-tu pas mon épée?Abdelaziz Errachidi, Douleurs de sableMagellan & Cie