A propos de Les Acacias de Paolo Giorgelli 3 out of 5 stars
A Asunción, capitale du Paraguay, Rubén, un chauffeur de camion vieillissant, accepte de conduire pour son patron une jeune femme, Jacinta jusqu’à Buenos Aires. Seul hic sur cette route de 1500 kilomètres, la présence d’un bébé, la fille de Jacinta dont ne lui avait pas parlé son patron…
Premier long métrage de Paolo Giorgelli (qui a beaucoup œuvré dans l’écriture de documentaires), Les Acacias est une sorte de road-movie sentimental se déroulant pratiquement en temps réel. L’action se passe presque la plupart du temps dans la cabine étroite du camion de Rubén (métaphore de son existence). La première demi-heure de Les Acacias porte les caractéristiques de mise en scène de nombreux films d’Amérique du Sud : cadre fixe, personnages muets, absence de musique, lenteur du rythme et une forme de minimalisme voire d’ultra-réalisme dans la mise en scène donnent à ces Acacias des allures à la fois de documentaire et de tragi-comédie.
Car on hésite sur la réaction à adopter devant les gros plans fixes du visage tendu pendant une demi-heure de Rubén. Rire ou tristesse ? Coincé dans son camion avec cette femme beaucoup plus jeune que lui et ce bébé, Rubén (Germàn De Silva) ne décroche pas un mot, crispé pour ne pas dire à la limite de la crise de nerfs.
Germàn De Silva
Des vies de Rubén comme de Jacinta, on n’apprendra pas grand-chose pendant une heure trente. Tout le charme de Les Acacias réside justement dans ce mystère, cette capacité à suggérer les choses. Tout en non-dits, Les Acacias brille par ce pouvoir d’évocation et le jeu très expressif de son acteur principal, Germàn De Silva, seul professionnel de la bande.
Rubén est un camionneur quinquagénaire bourru et le père d’un enfant de 12 ans qu’il n’a pas vu depuis 8 ans. Jacinta, Paraguayenne, doit rejoindre sa cousine en Argentine pour y trouver un travail. Son bébé n’a pas de père, répète-t-elle, alors qu’un coup de téléphone à sa mère provoque étrangement une crise de larmes sans que l’on ne sache pourquoi.
Les Acacias raconte une métamorphose, celle de Rubén, solitaire endurci, camionneur depuis trente ans qui va peu à peu s’ouvrir en tombant amoureux de Jacinta. On pourrait trouver l’histoire et le film à l’eau de rose s’il n’y avait pas dans le rôle de Rubén un acteur de la trempe de Germàn De Silva. Charismatique, il parvient à camper, seulement par les expressions de son visage, ce personnage farouche et très rentré au départ mais qui va peu à peu se transcender.
L’histoire et les relations entre Rubén et Jacinta auraient mérité d’être davantage approfondies. La mise en scène frôle parfois le trop plein de bons sentiments, mais les intentions du réalisateur sont louables dans cette lenteur de maturation du sentiment amoureux qu’il instaure chez Rubén, dans ce long processus de remise en question de ce personnage soucieux (et capable) de changer dans le fond. A l’opposé des rencontres (souvent en forme d’échecs) rapides et désincarnées sur Internet, celle entre Rubén et Jacinta est incontestablement pleine de vie.
www.youtube.com/watch?v=vQYvOWGOmsA
Film argentin de Pablo Giorgelli, avec Germàn De Silva, Hebe Duarte et Nayra Calle Mamani (01 h 25).
Scénario : 2.5 out of 5 stars
Mise en scène : 3 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 2 out of 5 stars