Poezibao a publié tout récemment une note de lecture de Matin de silence par Sylvie Fabre G.
Au solitaire indécis
nul autre aperçu que
brume
et lentement remonte la bulle
du fond de l’eau
non réellement
qu’y aurait-il de plus étrange
que cet ordinaire-là ?
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quant au miroir du poème
il ressemble à l’oiseau qui marche à l’envers
et tente de mieux voir
le paysage qui vole en lui
parfois l’air vient dans l’eau
tandis que l’eau s’immerge
dans un air où se confondent
poisson et eau
parfois aussi bien se dissout le miroir
où reste suspendu le temps des mots
du verbe et du silence confondus
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traverser l’ombre
qui le pourrait
pas un chemin pourtant qui ne conduise
jusqu’à ce seuil
pas un regard qui ne s’immobilise
en ce jardin clos d’une attente
où tout enfin s’est tu
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un mot à l’envers
un mot à l’endroit
il s’agit de reconstituer
un très vieux
et nouveau poème
un déjà vu
toujours et jamais vu
puis ce tissu tissé
d’en revêtir la pensée
sans qu’elle rue
sous le bât
rameur sans rame
esquif sans gouvernail
est le poème
Claude Margat, matin de silence, préface de Bernard Noël, L’escampette, 2011, 23, 45, 57 et 76, 13 €.