Journal de la dernière semaine de l’année

(André Dussolier et Niels Arestrup dans la pièce Diplomatie qui se joue actuellement au théâtre de la Madeleine)

J'ai passé la dernière semaine de l'année à Paris. Récit¹.

Mardi 27 décembre : 11 h 30, arrivée à mon hôtel situé au cœur du quartier Les Halles - Le Châtelet. Le boulevard Sébastopol est à cinq minutes.

16 h 00 : au musée d'Orsay, le visiter avant 16 heures 30 permet d'obtenir une réduction sur le droit d'entrée... Théoriquement, car un membre du personnel nous informe que le musée, à cette heure, n'accepte déjà plus de visiteurs. J'interviens nonobstant en faveur d'une jeune étudiante chinoise (inscrite à Venise) à qui promesse avait été faite de la laisser passer ; j'ignore si elle a pu ensuite visiter le musée.

Mercredi 28 décembre : petit déjeuner dans un café en face le passage du Grand Cerf. 10 heures 45, à l'exposition Cézanne et Paris au Musée du Luxembourg, 12 €, paradoxalement Cézanne (1839-1906) est loin d'être mon peintre préféré (j'aime plutôt Manet, Gustave Caillebotte ou Paul Delvaux). Sans être un spécialiste je dénote dans plusieurs tableaux : La Maison du pendu, Le quartier du four à Auvers-sur-Oise, Vue panoramique d'Auvers-sur-Oise, une amorce du cubisme, tandis que les tableaux plus tardifs respirent le symbolisme.

Á l'issue de ma visite j'achète Aux champs avec Paul Cézanne² d'Émile Zola, 7 €, compilation de trois articles parus dans Le Figaro en 1880-1881 : La rivière, Le bois, La banlieue. Vision très intéressante de la banlieue et utile en matière d'histoire de l'urbanisme. Je compulse le recueil de poèmes de Charles Cros Le Coffret de Santal, « Garnier-Flammarion GF », 6 € 30, que j'hésite à acheter, ce sera pour plus tard.

Au retour j'aperçois dans le métro l'historien et ancien Résistant Jean-Louis Crémieux-Brilhac récemment passé dans l'émission La Grande Librairie.

Jeudi 29 décembre : 10 heures 30, vu l'exposition Gisèle Freund - l'œil frontière (Paris 1933-1940) à la fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent³, rue Marceau, 7 €, l'exposition se poursuit jusqu'au 29 janvier. Gisèle Freund (1908-2000) s'est fait connaître à travers des portraits de grands écrivains du XXe siècle dont André Malraux (la photo où il figure cheveux au vent avec une cigarette aux lèvres), André Gide ou Walter Benjamin. Dans l'avant-propos du catalogue de l'exposition Pierre Bergé cite Jean Cocteau : « Rien n'est moins objectif qu'un objectif ». Gisèle Freund nous a quittés en 2000, Michel Guerrin lui avait rendu hommage dans un article du Monde, édition du 1er avril 2000 : « Gisèle Freund, la photographe qui aimait les écrivains ». Avant de partir j'achète à la fondation pour 15 € de produits dérivés (marque-page, badge, cartes représentant une photo de Yves avec Pierre ou des esquisses pour des robes, etc.).

14 h 30 : vu le film L'Apollonide, souvenirs de la maison close - Souvenirs de la maison glauque eût été pour moi de meilleur aloi - au studio « Galande », 8 €, film que la critique du Monde, Isabelle Régnier, considère comme le meilleur de l'année 2011. En sortant du cinéma je me retourne dans l'escalier, une jolie blonde, la cinquantaine resplendissante, se trouve derrière moi, je l'ai déjà vue sur des écrans : j'ai reconnu (après avoir vérifié chez moi au retour) l'actrice au joli sourire Valérie Leboutte qui a tourné dans la première saison de la série Boulevard du Palais.

Vendredi 30 décembre : visite de l'exposition Walter Benjamin, archives, au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, rue du Temple, 4 € 50 (tarif réduit pour les visiteurs de l'exposition Gisèle Freund, merci Pierre!). Je découvre non sans émotion la dernière lettre, le 25 septembre 1940, de Benjamin avant son suicide à Port-Bou (Pyrénées-Orientales) ; il voulait échapper au régime de Vichy mais hésitait à gagner l'Espagne franquiste ; la lettre comporte deux paragraphes. L'occasion de rappeler que le titre de mon ce blog fragments.fr© m'a été inspiré par les fragments de Walter Benjamin. J'apprends par ailleurs avec étonnement que Walter Benjamin a séjourné à l'hôtel Istria du 19 mars au 5 avril 1933.

21 heures : au théâtre de la Madeleine, rue de Surène (VIIIe), pour voir la pièce Diplomatie (cf. photo ci-dessus), 58 €, les acteurs sont remarquables. J'achète à l'issue de la représentation le texte de la pièce publiée par le théâtre, 10 €, le livre comporte aussi des précisions historiques sur les personnages et les événements.

Samedi 31 décembre : 10 heures 30, au musée des Lettres et Manuscrits au 222 boulevard Saint-Germain, 7 €, exposition Les messages secrets du Général de Gaulle, comprendre : pendant la guerre of course, l'exposition se poursuit jusqu'au 12 mai. Au sous-sol je découvre des lettres de gens illustres, il faudrait deux jours entiers pour tout voir!

15 heures : à la Maison de Balzac, visite désormais rituelle pour moi, 6 €. Je parcours l'exposition : Elle coud, elle court, la grisette.

En soirée : je réveillonne dans une brasserie en face la gare de Lyon. Je mange notamment des huîtres, une coquille Saint-Jacques et de la lotte, le tout arrosé d'un Bourgogne aligoté. Un monsieur de soixante-douze ans, veuf depuis trois semaines à peine, nous offre une coupe de champagne. Puis je dois refuser successivement un cognac, un café et une nouvelle coupe de champagne. Et j'essaie de trouver les mots pour réconforter ce vieux monsieur dont le moral est au plus bas. Je lui propose même de lui écrire. Il refuse poliment. Je le sens revenu de tout.

Bonne année culturelle à tous!

Notes

¹ Ce n'est pas par pingrerie que j'ai indiqué le prix que j'ai payé à chaque fois mais par souci de bonne information de mes lecteurs
² Émile Zola, Aux champs avec Paul Cézanne, éditions « Rumeur des Âges », La Rochelle, 2011
³ J'ai déjà pris bonne note de l'exposition consacrée au peintre Jacques-Émile Blanche à partir du mois d'octobre 2012