Attention aux faibles doses d'aspirine prises jour après jour sans justification thérapeutique précise et en particulier chez les personnes sans antécédent cardiovasculaire. Car ce médicament banalisé pourrait présenter un rapport bénéfice-risque très négatif en matière de prévention cardiaque avec, selon cette étude publiée dans l'édition en ligne du 9 janvier des Archives of Internal Medecine, un risque d'hémorragies augmenté de 30%.
Le rapport bénéfice-risque de l'aspirine dans la prévention des maladies cardiovasculaires reste discuté. Cette analyse menée par des chercheurs du Cardiac and Vascular Sciences Research Centre, St George's University of London, de l'Addenbrooke's Hospital (Cambridge) en collaboration avec l'Université de Pittsburgh et de Glasgow a impliqué plus de 100.000 participants de 9 essais cliniques, contrôlés par placebo, portant sur les maladies cardiovasculaires et les décès cardiaques, pendant une durée de suivi de 6 ans.
Le traitement régulier par faibles doses d'aspirine,
- a réduit le total des événements cardiovasculaires de 10% (OR : 0.90; IC : 95% de 0.85-0.96; nombre de patients à traiter : 120), grâce essentiellement à une réduction de 20% du risque d'événements non mortels (OR : 0,80, IC : 95%, de 0,67 à 0.96; nombre de patients à traiter : 162).
- ne permet aucune réduction significative de la mortalité cardiovasculaire (OR : 0,99; IC : 95%, de 0,85 à 1,15)
- me permet aucune réduction de la mortalité par cancer (OR : 0,93; IC : 95%),
- mais entraîne un risque accru d'hémorragies (OR : 1,31; IC : 95%, de 1,14 à 1,50).
L'étude conclut que malgré une réduction importante des événements cardiovasculaires non mortels, l'aspirine en prophylaxie et en automédication ne permet pas de réduire le risue de décès cardiaque, mais peut provoquer des saignements graves.
En revanche, la prise régulière d'aspirine, lorsqu'elle a été prescrite en cas d'antécédent d'événement cardiovasculaire, doit être poursuivie, conclut le docteur Rao Sehasai, de l'Université St George. Une étude récente publiée dans le British Medical Journal concluait ainsi à un risque accru de 63% de récidive pour les patients cardiaques qui arrêtent de prendre l'aspirine qui leur a été prescrite à faible dose quotidienne pour prévenir de nouvelles crises.
Enfin, rappelons qu'environ 20 % des patients ayant eu un accident vasculaire cérébral (AVC) ont « une réponse plaquettaire inadéquate » à l'Aspirine et les patients traités par aspirine qui récidivent peuvent être « non répondeurs » à l'aspirine (1).
Source:Arch Intern Med, Jan 2012; doi:10.1001/archinternmed.2011.628Effect of Aspirin on Vascular and Nonvascular Outcomes: Meta-analysis of Randomized Controlled Trials
(1) The Journal of Clinical Pharmacology published online Jan 25, 2008 DOI: 10.1177/0091270007313324 Prophylaxis and in Patients With Recurrent Ischemic Events Prevalence of Platelet Nonresponsiveness to Aspirin in Patients Treated for Secondary Stroke
N.B. Alors que cette étude conclut à l'absence de réduction de la mortalité par cancer, une autre étude publiée dans The Lancet en novembre dernier, suggérait qu'une prise régulière d'aspirine diminue de moitié le risque de cancers héréditaires…
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