Cette étude très expérimentale publiée dans BioMed Central Neuroscience a regardé si les stimuli associés à des envies de fumer, pouvaient être réassociés à des stimuli neutres qui pourraient contribuer à effacer au fil du temps ce réflexe de Pavlov du fumeur. Une expérience intéressante qui montre a minima la sensibilité accrue des fumeurs à cette association stimulus-tabac mais qui ne débouche pas immédiatement sur de nouvelles thérapies cliniques.
Les expériences de conditionnement classiques lient un stimulus comme un son ou une image, à un acte, comme manger ou fumer. Un reconditionnement est capable d'associer ce stimulus à un autre stimulus. Les chiens de Pavlov salivent en réponse au son de la cloche qui annonce l'heure du dîner, les fumeurs éprouvent des envies et présentent aussi des réactions physiologiques face à des images qu'ils associent à la cigarette. Dans le cas des chiens de Pavlov, un reconditionnement consisterait à associer une lumière au son de la cloche et les chiens commenceraient alors à saliver à la seule lumière.
Une drôle d'expérience : Marianne Petit et le Pr. Franken, de l'Université Erasmus (Rotterdam), ont comparé les réactions de fumeurs et de non-fumeurs face une image liée au tabagisme ou non évocatrice de tabagisme. Le tabagisme a ensuite été associé à un stimulus neutre, une simple forme géométrique. Les réactions des sujets, tels que leur niveau d'envies et les mesures de l'activité cérébrale par EEG ont été enregistrées à chaque étape de l'expérience.
Une meilleure capacité d'«apprentissage associatif » chez les fumeurs: Pour les fumeurs comme pour les non-fumeurs, les résultats de l'EEG montrent que les ondes cérébrales P3 -impliquées dans l'attention- sont plus importantes pour la forme géométrique neutre que pour l'image neutre non-fumeur, montrée dans le premier temps. En fait, tous les participants ont été « conditionnés » plus fortement par la forme géométrique neutre associée au tabagisme, montrant ainsi à quel point le tabagisme capte l'attention de tous. Toutefois, pour les fumeurs, cette forme géométrique, quoique neutre, reste liée à des sentiments d'envie et de plaisir et déclenche plus d'ondes cérébrales P3 que pour les non-fumeurs. Cela suggère que les fumeurs ont également une capacité accrue d' «apprentissage associatif» par rapport aux non-fumeurs. Cette association tabac-forme géométrique neutre se réduit au fur et à mesure que les auteurs renouvellent l'expérience.
Qu'en conclure : Cette étude pourrait ouvrir la voie à des thérapies de conditionnement qui « désassocieraient » les stimuli habituels du fumeur au profit d'images neutres, permettant de réduire ainsi ses envies de fumer dans certaines situations ?
Source: BMC Neuroscience2012, 13:8 doi:10.1186/1471-2202-13-8 “Electrophysiological correlates of associative learning in smokers: a higher-order conditioning experiment” via Eurekalert (AAAS) “Smokers 'salivate' to cigarettes: The physiological reactions to associated images »
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