Arrivée chez Émilie, je suis allée sonner à sa porte. Elle m'a ouvert, on s'est reconnues et on s'est sautées dans les bras comme si on ne s'était pas vues depuis longtemps. J'étais bien à la bonne adresse ! J'ai rentré mes affaires et on s'est installées à la cuisine. Même si, au début, un petit peu de gêne était présent, puisqu'on ne s'était jamais vues ni même parlé au téléphone, on s'est vite mises à placoter de tout et de rien, de notre vie et de plein de choses.
Son mari est ensuite arrivé et on a continué à échanger jusqu'en fin d'après-midi. On avait tout le temps quelque chose à se dire. On a appris à se connaître mais, dans le fond, c'était comme si on se connaissait déjà. La chimie a passé tout de suite, le déclic a eu lieu et cette amitié qu'on sentait si fort à travers MSN a simplement été confirmée. On s'est aussi rendues compte qu'on avait souvent les mêmes goûts et intérêts, à toutes sortes de niveaux.
Le temps passé avec Émilie m'a touchée beaucoup. Je me suis retrouvée avec une nouvelle amie remplie d'amour, de sourires, de générosité, de dynamisme et de positif.. tout ça pour moi ?! J'avais de la peine à y croire et je pense que je vais devoir l'apprivoiser encore pendant un bout avant d'arriver à le réaliser vraiment, moi la vieille solitaire...
Au fil de la journée qui passait, je réalisais qu'Émilie a notamment réussi là où j'espère tant un jour arriver : une belle relation amoureuse et une belle grande maison. Juste d'être dans cet endroit superbe et de voir ce couple charmant s'aimer ainsi, depuis 7 ans, m'a touchée énormément. C'est comme venu me dire que c'est possible, que j'y ai droit et que je le mérite. C'est là que j'ai vu que mon coeur avait encore peur, qu'il n'osait pas encore s'ouvrir à ce monde qui m'a toujours semblé être pour les autres et pas pour moi.
A l'intérieur de moi, une émotion sourdait, indéfinissable. Ce n'est que dimanche matin, alors que je suis allée prendre une grand marche au soleil avec Émilie, que j'ai senti cette grande tristesse qui m'habitait, celle de n'avoir pas encore réussi à me donner une telle amie (à part Anne qui est si loin et très différente), une belle relation amoureuse et une maison à mon goût, entre autres.
En fait, c'est comme si cette tristesse venait taper à la porte de mon coeur pour lui dire de s'ouvrir, qu'il est temps de m'offrir ces cadeaux de la vie. J'ai vraiment senti quelque chose bouger en moi dans ce sens mais je n'ai pas osé en parler à Émilie. Je n'ai pas osé lui dire que tout ce qu'elle m'offrait en m'invitant chez elle me touchait au plus profond de moi et venait bousculer, positivement bien sûr, ces vieilles croyances que je traîne encore de penser que le bonheur, c'est pour les autres.
C'est comme si, en recevant son amité et sa générosité, ces moments dans cette belle maison et de la voir ainsi heureuse avec son mari, je sentais pour la première fois de ma vie que cela pouvait aussi m'arriver, que je le mérite vraiment. C'est comme si, du lointain de ma vie en hermite solitaire, échaudée par tant de souffrances, de rejet et d'abandon, je commençais à sentir que mon coeur veut exploser pour enfin laisser entrer cet amour et cette abondance auxquelles j'aspire. C'est comme si Émilie, sans le savoir, m'a permise d'oser ressentir que j'ai droit à tout ça, autant qu'elle... Oufffff.... Je sens que je suis dans un espace d'apprentissage nouveau mais que je veux vraiment...
Dimanche, on est allés déjeuner chez Cora avec son mari et sa fille avant d'aller faire une virée chez Ikea sous un beau soleil. Juste les deux. Je voulais m'acheter une housse de couette pour commencer à redécorer ma chambre. Arrivées devant celle que je pensais, on a opté spontanément toutes les deux pour la même couleur. Les housses de coussins ont suivi sur la même longueur d'onde. Il me restera à trouver des rideaux et repeindre la chambre pour arriver au résultat final qui sera enfin à mon goût !
On a terminé la journée au restaurant et on a encore placoté pendant plus de 2 heures sans voir le temps passer. Je lui ai parlé beaucoup de moi, de mon passé difficile. J'ai toujours un peu d'appréhension à parler de ce que j'ai vécu car, souvent, les gens finissent par trouver ça lourd. Je n'ai pas une vie de princesse à raconter... Émilie, par contre, m'a écoutée avec attention, parfois les yeux en forme de bulles étonnées, captivées, et elle en redemandait. J'ai osé continuer chaque fois et elle m'a accueillie sans jugement et avec compréhension. Ces moments d'accueil de sa part m'ont touchée beaucoup, autant que ce qu'elle m'a raconté à son sujet, pas toujours rose non plus.
Lundi, c'est avec regret que j'ai quitté Émilie avec qui j'avais l'impression d'avoir encore 1001 choses à échanger malgré toutes les heures passées avec elle en fin de semaine, presque toutes passées spontanément à partager. On s'est promises de se revoir bientôt !
Après avoir gratté 2 mm de verglas sur mes vitres d'auto, j'ai donc pris la route de Montréal où j'avais un rendez-vous chez un client, sous une pluie verglaçante et sur une route glissante. Après cette rencontre, je suis descendue dans le bas de la ville où je devais en rencontrer un autre. Malheureusement, j'ai appris, à la dernière minute, qu'il ne pourrait pas venir. J'ai donc décidé de rentrer à la maison.
Tant qu'à passer par l'autoroute 40 pour revenir, j'ai appelé une amie qui a accepté avec plaisir de venir diner avec moi. En fait, je n'avais pas envie de rentrer tout de suite, comme si je ne voulais pas m'éloigner d'Émilie trop vite.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu cette amie aussi on était bien contentes de se revoir. Elle m'a presque suppliée de revenir vivre dans le coin de Montréal. Même si j'y ai de bonnes amies, ma vie n'est plus là-bas. Je l'ai refaite, depuis une dizaine d'années, loin de là et je n'ai rien qui m'attire vers cette région pour le moment. Peut-être plus tard mais, ce qui est sûr, c'est que c'est dans un coin de campagne que j'aimerais vivre, ce que j'ai en ce moment et que j'aime tant. On ne connaît cependant pas l'avenir !
En rentrant, j'étais épuisée. Je n'avais plus d'énergie. La longue route avec une température difficile m'avait achevée ! A 22h, j'étais dans les bras de Morphée !
Une bonne nuit de sommeil et le travail a commencé à 7h45 ce matin ! Le téléphone a dû sonner au moins une quinzaine de fois aujourd'hui, sans compter les téléphones que j'ai faits, les courriels à répondre, d'autres à envoyer, les calculs pour un client et plein d'autres choses à gérer.
Je suis K.O. mais heureuse de cette nouvelle rencontre avec Émilie, de notre belle amitié naissante mais déjà si présente... Merci, ma belle amie, pour tout ce que tu m'as offert en fin de semaine. C'est le début d'une belle nouvelle aventure pour moi !