Alors que la Star’Ac présidentielle se vautre dans les mêmes ressorts dramatiques autour d’une franchouillardise réchauffée jusqu’à l’écœurement, le box office hexagonal se glorifie du succès d’Intouchables. En effet, ce film affiche plus de 17,4 millions d’entrées, c’est-à-dire qu’il détrône La Grande Vadrouille avec ses 17,2 millions de spectateurs, mais sans encore dépasser Les Cht’is qui ont vendu 20,6 millions de tickets.
Ce qui caractérise ces champions français cinématographiques, ce sont les ingrédients d’une même recette : une comédie familiale et doucereuse, des acteurs sympathiques et consensuels, un scénario très binaire qui met en scène des gentils contre des méchants, des pauvres contre des riches, des faibles contre des forts, des provinciaux contre des Parisiens… A cela s’ajoute un fil rouge bien gaulois : un ton moqueur qui massacre les « ennemis » supposés, mais pas trop pour demeurer politiquement correct aux oreilles des enfants.
Les exégètes se gargarisent du succès unanimiste des Intouchables en expliquant qu’il s’agit d’un film antilibéral (sic !) et moral (re-sic !) qui parle de solidarité, de vivre ensemble, de chaleur humaine à la clochemerle loin de la froideur cynique des méchants capitalistes. Il est en quelque sorte le film référent de la démondialisation à la Montebourg et exprime les attentes bisounours de Français qui refusent de voir le monde qui change. Il soutient en filigrane le discours binaire entonné par le parti national-nationaliste qui recueille près de 20% d’intentions de vote… Des plates-bandes semées d’orties et foulées par les autres candidats qui se raccrochent étrangement aux sirènes démagogiques de la Le Pen. Ainsi, Michel Sapin, responsable du programme de François Moll’ande, entend relancer la lutte des classes pour gagner le cœur du peuple : « Aujourd’hui, un enfant de riche apporte une baisse d’impôt beaucoup plus importante d’un enfant de pauvre », a-il déclaré. Binaire, vous avez dit binaire ?