Educateurs de rue et élus face à face

Publié le 11 janvier 2012 par Forrestgump54

Pour faire des économies, le conseil général mutualise les moyens des quatre associations privées de prévention spécialisée. Contre le principe, des éducateurs de rue de Vandœuvre sont en grève depuis plus de deux semaines.

Ils ne baissent pas les bras. Dix-huit jours de grève tournante dans le hall du conseil général n’ont pas entamé la détermination de la petite dizaine d’éducateurs spécialisés œuvrant dans les quartiers dits sensibles de Vandœuvre-lès-Nancy. Ces éducateurs de rue refusent tout simplement la mutualisation des moyens souhaitée par les élus départementaux. « Au nom de la mutualisation, le conseil général veut fusionner notre association avec une autre de l’agglomération nancéienne », dénonce Jean-Christophe Berche, éducateur en grève.
Il travaille avec sept de ses collègues au sein de l’association de Vandœuvre Vivre dans la ville. L’association de prévention spécialisée, très impliquée sur les quartiers de Vand’Est et du Charmois, prend en charge les adolescents mais aussi les adultes qui le souhaitent. « Nous les accueillons beaucoup dans des actions collectives », expliquent des éducateurs grévistes et solidaires qui, depuis début décembre, campent de 9h à 17h dans la monumentale entrée du conseil général.
Arrêt de mort
Il y a peu, les conseillers généraux ont voté à l’unanimité la mutualisation des moyens consacrés à la prévention spécialisée (lire par ailleurs). « Depuis 2004, les dépenses de solidarité augmentent et ne sont pas compensées, comme il le faut, par l’État », rappelle Mathieu Klein, vice-président du conseil général chargé du dossier. Pour assumer les dépenses de solidarité obligatoires, le Département réoriente ses moyens publics vers les personnes les plus fragiles. Les quatre associations privées qui sont investies dans la prévention spécialisée n’échappent pas à la réorganisation. « Pour permettre le maintien de l’ensemble des moyens éducatifs, j’ai proposé que des associations se rapprochent, voire même se fondent, afin de réaliser des économies sur les moyens administratifs », détaille Mathieu Klein. « J’ai pris l’engagement que les postes des éducateurs ne seraient pas touchés. Je discute avec les quatre associations, mais le dialogue avec les salariés de l’une d’entre elles est impossible », enchaîne l’élu. Ces salariés en question sont les éducateurs en grève. Mathieu Klein se donne encore quelques jours avant de sortir l’artillerie lourde, c’est-à-dire de brandir l’annulation de l’autorisation accordée à Vivre dans la ville. Ce qui signifierait l’arrêt de mort de l’association.
Interrogée sur la situation difficile traversée par Vivre dans la ville, sa présidente n’a pas souhaité donner suite. Le maire de Vandœuvre et représentant du conseil général au conseil d’administration de l’association, le socialiste Stéphane Hablot, ne comprend pas l’attitude extrémiste des éducateurs. « On ne parle pas de licenciements, ni de remise en cause. Le conseil général ne demande pas grand-chose. On a l’impression que ces salariés veulent vivre en autarcie avec des financeurs qui ne doivent pas demander des comptes. Si débat il doit y avoir, il doit se tenir avec le conseil d’administration et non avec le conseil général. Ce dernier veut faire évoluer V ivre dans la ville, j’en appelle au bon sens des éducateurs. »

Source : Républicain Lorrain du Mercredi 11 Janvier 2012

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