La rivièreévoquée dans ce récit de Philippe Le Guillou, c’est celle du Faou, dans leFinistère. L’auteur raconte à sa façon ce coin de Bretagne, entre mer et forêt,là où la rivière permettait d’acheminer vers la rade de Brest les grands arbresprovenant de la forêt du Cranou, qui servaient ensuite à la construction desbateaux de la Marine Royale. Il mêle ses souvenirs personnels d’enfance auxlégendes locales et à l’histoire, grande ou petite, qui ont laissé leurs tracesdans la mémoire collective. Il fait revivre le pélerinage de Rumengol etraconte les mystères de la cité d’Ys. Plus près de nous, il évoque sessouvenirs de famille, les promenades avec les grands-parents, la pêche avec sonpère sur les grèves proches.
Une promenade quiparlera aux familiers de l’endroit et séduira les amateurs d’authenticité et deplaisirs simples.
Je garde de cesmarches du dimanche après-midi au bord de l’eau, pour peu que le soleil donnâtà plein, le souvenir unique de pas dans une lumière douce et tamisée par lesfeuillages verts d’avril et de mai – ce vert jeune, acide, vierge de la morsuredu soleil que j’aime par-dessus tout - ; les narcisses, les glaïeuls, lesviolettes égayaient les prairies boueuses des rives, les passages qu’avaientménagés les bêtes pour aller boire, la rivière se révélait enfin dans unecandeur printanière, comme un trait d’eaux vives au milieu d’un jardinconstellé de fleurs sauvages.(page 73)