2012, année d'élections

Publié le 10 janvier 2012 par Vindex @BloggActualite


-De gauche à droite : Dimitri Medvedev, Barack Obama et Nicolas Sarkozy-

Comme nous l’avons écrit dans notre article « Bonne année 2012 », l’année qui débute sera marquée par des élections importantes dans trois grands pays du monde : la Russie, la France et les Etats-Unis.

Ces élections se jouent dans un contexte particulier : l’année 2011 a été difficile économiquement pour la France ainsi que pour les Etats-Unis (dont les prévisions de croissances se sont avérés trop optimistes), et s’est terminée sur une note contestataire en Russie (nous y reviendront).

Les élections dans ces pays vont permettre d’abord de sonder l’opinion publique sur plusieurs points : la popularité des hommes politiques, le degré d’optimisme (ou de pessimisme), la volonté de changement (par le taux de participation). Bref, nous allons savoir comment trois grands peuples vont réagir face à des situations plus ou moins délicates. Elles vont permettre aussi la tenue d’un débat en vue de l’élection d’un nouveau président ou de la réélection du président sortant.

Il serait intéressant de se pencher plus en détail sur ces élections et de savoir si les présidents actuels (Dimitri Medvedev, Nicolas Sarkozy et Barak Obama) ont du souci à se faire…


Les élections en Russie : Mars 2012 :


Les élections présidentielles du 4 mars 2012 en Russie suivent de quelques mois les élections législatives, qui ont eu lieu le 4 décembre 2011. Elles ont donné lieu à une forte baisse du parti au pouvoir, Russie Unie (de centre droit, de droite et nationaliste), qui passe de 315 sièges à la Douma (chambre basse russe) à 238 sièges soit une perte de 77 sièges. L’opposition de gauche (communiste ou sociale-démocrate) voit une augmentation du nombre de ses sièges : le parti communiste en a 92 et Russie Juste en a 64. Enfin le parti liberal-démocrate de Russie (des nationaux-libéraux) a 56 sièges.

En plus de ce recul du pouvoir en place, incarné par Dimitri Medvedev et son premier ministre Vladimir Poutine, des contestations des résultats ont remis en cause la victoire de Russie Unie. Certains estiment que le score réel de Russie Unie ne serait que de 30,9 pour cent des suffrages, contre officiellement 49,32 pour cent. Des manifestations ont eu lieu et ont culminé à 100 000 manifestants le 24 décembre (selon l’opposition). De même, Mikhaïl Gorbatchev a demandé à ce que les élections soient annulés et réorganisées. Il faut encore relativiser ces manifestations dont l’ampleur aurait pu être plus importante au regard de l’enjeu. Aussi certains médias ont-il amplifié exagérément l’importance de ces manifestations en diffusant des images des émeutes en Grèce pour évoquer les manifestations en Russie (ce fut le cas de Fox News).

Pour expliquer cette « double défaite » de Russie Unie, certains pensent que les Russes ne supporteraient pas les tours de passe-passe de l’exécutif. En effet, en septembre, Dimitri Medvedev suggérait à Vladimir Poutine de se présenter pour les élections de 2012, lequel a accepté et rendu la pareille en annonçant qu’en cas de victoire, il le nommerait premier ministre. On peut se demander si le peuple Russe commence en dénoncer une certaine oligarchie. Il est trop pour le savoir, car ni les chiffres des manifestations, ni ceux des élections ne sont encore sûrs.

En ce qui concerne les élections présidentielles, nous pouvons toutefois dire que les évènements politiques (plus qu’économique) joueront plus en faveur des opposants qui montent en puissance par ces élections de 2011. Pour contrer Russie Unie, plusieurs hommes politiques sont déjà candidats pour la présidence : Guennadi Ziouganov pour le Parti Communiste, Vladimir Jirinovski pour le Parti Liberal Démocrate, mais aussi des personnalités civiles comme Mikhaïl Prokhorov, homme d’affaires, ou Ivan Okhlobystine, acteur, réalisateur, scénariste et prêtre orthodoxe.

Il est encore tôt pour se prononcer pour un résultat final, mais cela semblera plus serré que les dernières élections, qui avaient vu une victoire écrasante de Medvedev dès le premier tour en 2008 avec 70,3 pour cent des voix.

Les élections présidentielles et législatives en France : Avril-Juin 2012 :


En France, nous seront concernés par deux grandes élections : les présidentielles et les législatives. Elles permettent d’élire le président de la République et les députés. Leur couplage permet depuis 2000 de limiter le risque de cohabitation.

La première problématique est celle des candidats. En effet, 2012 est marquée par un véritable réveil des candidatures, dont nous avions parlé à la fin de l’année dernière en essayant de faire un point sur les candidats. Mais la barrière des 500 signatures promet d’être filtrante .

Voici notre pronostic sur les candidats qui auront les signatures et pourront donc se présenter :

De gauche à droite :

-Nathalie Arthaud

-Philippe Poutou

-Jean-Luc Mélenchon

-Eva Joly

-Jean-Pierre Chevènement

-François Hollande

-François Bayrou

-Corinne Lepage

-Hervé Morin

-Dominique De Villepin

-Nicolas Sarkozy

-Nicolas Dupont-Aignan

-Frédéric Nihous

-Marine Le Pen

Dans un contexte économique de plus en plus tendu (notamment avec des indicateurs économiques en baisse, un cadre financier hésitant et une dette publique croissante ces dernières années), le sort de ces élections présidentielles est incertain, d’autant que le Front National connaît un essor dans les sondages par son renouveau tenté par Marine Le Pen, aux commandes du parti désormais. La bataille, qui se faisait à 2 voir 3 (en intégrant François Bayrou) en 2007, se fait maintenant à 4.

On peut se demander si le contexte économique, qui rejaillit sur l’Union Européenne et ses relations avec la France, ne provoquera pas une alternance, d’autant que Nicolas Sarkozy a été particulièrement impliqué en étant chef de l’Etat Français et président de l’Union Européenne en 2008. Il fut de même l’initiateur du traité de Lisbonne et du traité de Bruxelles d’octobre dernier avec Angela Merkel. De même, la dynamique élective ne plaide pas en la faveur du pouvoir actuel, qui a perdu la majorité des élections du mandat.

Aussi, François Hollande a obtenu une certaine légitimité en gagnant facilement les primaires socialistes d’octobre dernier. Mais il semble trop s’écarter d’une vraie gauche selon certains, dont Jean-Luc Mélenchon qui aspire d’ailleurs des suffrages de l’extrême gauche grâce à sa dynamique d’union de la gauche (Parti de Gauche-PCF-Gauche Unitaire).

Concernant les élections législatives, elles se font selon un scrutin majoritaire à deux tours, sans dose de proportionnelle, ce que critique souvent le Front National. Les élections législatives seront probablement le reflet des élections présidentielles, mais comme celles-ci seront plutôt serrées selon nous, les législatives qui suivront le seront tout autant. Leur issue sera importante pour la capacité et la légitimité de la majorité et du gouvernement à mener des réformes, d’autant que le sénat a lui basculé à gauche depuis septembre dernier.

Depuis la mi-mandat en France, on observe une montée des oppositions, non seulement contre Nicolas Sarkozy, mais aussi contre l’Union Européenne et sa politique, en réaction avec la situation économique. Cela se caractérise par l’essor dans les sondages de Marine Le Pen, mais aussi de Jean-Luc Mélenchon. D’autres discours de remise en question de la mondialisation ont aussi été tenus par Arnaud Montebourg aux primaires socialistes, et par Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Pierre Chevènement.

Il ne faut pas oublier la percée aux dernières élections des écologistes, qui pourraient être renforcés par le désastre concernant la centrale nucléaire de Fukushima. Cependant, Eva Joly ne semble pas faire l’unanimité et son résultat pourrait bien être inférieur à ce qu’on peut penser et à ce que les élections précédentes (à enjeu moins important) nous ont montré pour l’écologisme. On peut toutefois penser qu’elle fera mieux que Dominique Voynet en 2007.

Le centre, surtout avec François Bayrou, semble retrouver une dynamique après une traversée du désert pendant 5 ans. Toutefois, l’union n’est pas encore au rendez-vous et les candidats centristes seront au minimum 3.

Là encore, il est difficile de se prononcer sur l’issue des suffrages. Les sondages ne sont pas toujours conçus objectivement et donnent parfois une vision biaisée de la réalité. Il faudra attendre la campagne et des évènements politiques à venir, ainsi que la liste officielle des candidats pour se prononcer plus pertinemment. Le trio de tête sera sans doute composé de Nicolas Sarkozy, François Hollande et Marine Le Pen, mais François Bayrou a encore ses chances. Nous ne devons pas écarter un scénario de type « 21 avril 2002 » dans lequel Marine Le Pen serait au second tour.

Il convient peut-être aussi de relativiser l’importance des élections, car l’Union Européenne a gagné en prérogatives politiques dernièrement, par le contrôle budgétaire des parlements nationaux et par le Mécanisme Européen de Stabilité.

Les élections américaines de novembre 2012 :


Nous finirons l’année élective 2012 avec un gros morceau : les Etats-Unis. Les élections présidentielles (entre autres) auront lieu le 6 novembre. Ces élections sont les plus tardives, mais elles sont déjà d’actualité, car si le candidat démocrate devrait être le président sortant Barack Obama, le candidat républicain, lui, n’est pas encore déterminé et doit l’être au cours de la primaire républicaine, qui voit s’affronter 8 prétendants dont trois semblent se détacher du lot : Mitt Romney, Ron Paul et Newt Gingrich.

Barack Obama a été élu il y a 3 ans, dans une vague d’optimisme et de renouveau consacrée par un évènement historique. En effet, il était le premier président noir (en réalité métis) des Etats-Unis. Toutefois, comme de nombreux dirigeants ces dernières années, il a connu des difficultés politiques liées à un contexte économique incertain et glissant.

Au niveau économique, en effet, la crise des subprimes a entraîné des faillites auxquels le gouvernement américain a dû réagir par des aides, des plans de sauvetage. Il a fallu aussi redynamiser l’économie par des plans, par une intervention de l’Etat et par des Quantitative Easing pratiqués par la Federal Reserve, dirigée par Ben Bernanke. Cela a conduit à une augmentation de la dette publique américaine, qui atteint (en comptant l’Etat fédéral, les Etats, les ménages, les entreprises) plus de 20 000 milliards de dollars. La volonté d’élargir les aides sociales n’y fut pas étrangère selon les républicains. Malgré ces interventions, les standards économiques sont médiocres aux Etats-Unis, avec un chômage de plus en plus long, une croissance moins importante que prévue… La politique de Ben Bernanke n’a pas relancé l’économie américaine : elle n’a fait que permettre aux places boursières de limiter les dégâts d’une baisse déjà importante.

Ces difficultés économiques se sont traduites sur le plan politique. Les républicains, dans un rôle d’opposition, voire même certains démocrates, ont fustigé la politique sociale d’Obama. La politique de la Federal Reserve a été critiquée par certains républicains dont Ron Paul. L’importance de la dette et l’augmentation de son plafond a rendu la coopération nécessaire mais houleuse entre démocrates et républicains.

Ainsi, les élections du midterm de novembre 2010 ont vu une victoire des républicains, notamment grâce à un mouvement composite mais dynamique, celui des Tea Parties, avec à leur tête des ultra-conservateurs ou des libertariens, mû par une identité américaine authentique et traditionnelle. Les républicains sont donc sur une dynamique qui semble leur donner un avantage sur Obama, ce quelque soit le candidat. Le candidat qui semble t-il va s’imposer devrait être Mitt Romney, car Ron Paul, malgré une certaine crédibilité, ne rassemblera peut-être pas assez les républicains, notamment sur sa critique de l’Etat, de l’interventionnisme américain, sur sa volonté de légaliser les drogues ou encore de modifier les politiques monétaires, financières et fiscales aux Etats-Unis.

Il ne faut pas non plus sous-estimer le bilan de Barack Obama qui tente un repli au niveau géopolitique en Irak et en Afghanistan, notamment suite à la mort de Ben Laden.

Toutefois, la lutte contre le terrorisme n’est pas terminée. En effet, Barack Obama a finit par signer le National Defense Authorisation Act dont les clauses 1 021 et 1 022 autorisent la poursuite, l’arrestation et la détention d’un suspect de terrorisme sans procès. Cela a révolté certaines associations pour les droits ou les libertés aux Etats-Unis. Cela pourrait entacher la fin de mandat du président démocrate, d’autant que cette loi exlut quasiment la fermeture des camps de Guantanamo.

Notre pronostic est pour l’instant une victoire des républicains, mais il semble être aussi encore trop tôt pour avoir un pronostic complètement valable.

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/500-signatures-ou-en-sont-les-candidats_1064962.html

http://www.infosplusgabon.com/article.php3?id_article=7089

Vincent Decombe