Arnaud Dassier déclarait ce matin sur France Inter que les libéraux du Parti Libéral Démocrate entendaient se rapprocher de François Bayrou. Des propos que Daniel Tourre, premier conseiller du Parti Libéral Démocrate, souhaite corriger.
Un article de Daniel Tourre, premier conseiller du Parti Libéral Démocrate, Auteur de « Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants. »
Arnaud Dassier a fait ce matin, au micro de Pascale Clark sur France Inter, des déclarations prématurées par rapport au calendrier du Parti Libéral Démocrate.
«[…] on est en train d’organiser le pôle libéral avec le Parti Libéral Démocrate dans la majorité présidentielle de François Bayrou. »
«- Vous êtes nombreux déjà à avoir quitté l’UMP pour rejoindre Bayrou ?
- Je peux vous dire que la très très grande majorité des gens de ma génération qui partagent mes convictions libérales voterons Bayrou et on va annoncer assez prochainement notre soutien à François Bayrou »« - Vous voulez créer un pôle libéral à l’UMP y’a qui comme heu…
- Alors pas au Modem…
- Pardon c’est le réflexe parce que j’ai pas encore changé mon logiciel…
- Pas au Modem parce que je n’adhérerai pas au Modem, au Parti Libéral Démocrate dans la majorité présidentielle de François Bayrou »
Arnaud Dassier a effectivement été nommé vice-président du PLD il y a deux jours par son président Aurélien Véron. Il a été bien accueilli, c’est incontestablement un responsable libéral dynamique.
Mais le Parti Libéral Démocrate n’a pas à l’heure actuelle acté le soutien du PLD à François Bayrou. Au contraire ce soutien fait l’objet de vifs débats en interne et doit être tranché par le vote des adhérents le week-end prochain.
Les opposants à ce soutien mettent en avant la personnalité de Bayrou. La France a le triste privilège d’avoir une classe politique figée, verrouillée de l’intérieur avec un débat politique concentré dans un mouchoir de poche, tandis que de plus en plus de citoyens, fatigués de ce jeu d’ombres s’abstiennent. Rien chez François Bayrou ne permet de penser aujourd’hui qu’il va changer quoi que ce soit à cet état de fait.
Mais le soutien à François Bayrou fait surtout débat parce que son programme, pour ce que l’on en connaît aujourd’hui, est très éloigné des objectifs de beaucoup de libéraux français, lassés par ailleurs d’être cocufiés par la droite, insultés par la gauche et… cocufiés et insultés par le centre.
Le Parti Libéral Démocrate considère que la présence de l’État doit être drastiquement diminuée. En un siècle, l’État est passé d’environ 15% du PIB, à 37% sous De Gaulle et aujourd’hui plus de 50%. Cette situation n’aide d’ailleurs en rien les plus pauvres. C’est un classique de la théorie politique qu’au contraire, l’État est toujours instrumentalisé au profit de ses serviteurs ou d’intérêts privés puissants (syndicats, grandes banques, industriels amis du pouvoir, etc.) pour capter des ressources aux classes moyennes et aux pauvres.
La classe politique dans son ensemble ne change rien à cette situation. Tous les présidentiables rivalisent au contraire d’imagination pour augmenter encore davantage les impôts, taxes ou l’immense avalanche de textes réglementaires pour diriger, contrôler et conserver leur pouvoir. De Le Pen à Mélenchon, tous, en passant par les partis de gouvernements, appellent à encore davantage d’État, de dirigisme ou de protectionnisme. Même si François Bayrou apparaît comme un moindre mal pour certains libéraux, il ne semble être qu’un membre de plus dans la grande lignée des « moindre mal » que les libéraux ont soutenus aux présidentielles depuis 30 ans, en s’en mordant les doigts ensuite.
La crise que nous vivons aujourd’hui est une crise de l’interventionnisme monétaire. Le système monétaire actuel est une immense machine à transférer les ressources des classes moyennes et des pauvres vers les États et les grandes banques. Les grandes banques ne fonctionnent pas selon des règles libérales. Les libéraux de l’École Autrichienne d’économie hurlent dans un désert les causes de la crise. La solution pour cette crise ne passe pas par la planche à billets et la protection contre les faillites des entreprises privées du secteur : les grandes banques. Là encore, l’intégralité du spectre politique français ne parle que planche à billets au niveau de la BCE ou au niveau d’une banque de France sortie de l’Euro. François Bayrou ne semble pas avoir de positions différentes de ce que nous faisons déjà depuis plusieurs années avec le succès que l’on connaît.
Le programme du PLD va être validé au conseil national du 14 et sera publié rapidement ensuite. Il s’oriente vers une diminution radicale du périmètre de l’État en trois ans ainsi qu’un désengagement progressif de la sphère monétaire de l’État et de la banque centrale.
Le tract distribué par le Parti libéral démocrate à la grande réunion de la Galaxie Libérale le 9 novembre dernier avec Alain Madelin et Hervé Novelli témoigne assez fidèlement aujourd’hui des grandes orientations du parti libéral Démocrate.
La question aujourd’hui qui va se poser ce week-end pour les adhérents du PLD, et qui devra aussi se poser à François Bayrou s’il veut le soutien de beaucoup de libéraux à ces élections présidentielles, est :
Quels sont les points communs entre le programme, le discours de François Bayrou, et les 10 grands principes énoncés par le Parti Libéral Démocrate le 9 novembre dernier ?
« Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme.
Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. »
Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, article II.
9 novembre 1989 – 9 novembre 2011. La faillite avérée du communisme a 22 ans.
Nous avons cru que la chute du mur marquerait aussi dans nos pays le reflux d’un État dirigiste et interventionniste. Il n’en a rien été. Jamais en temps de paix, l’État n’a eu une telle place dans la société et dans nos vies. Aujourd’hui nous assistons à la faillite d’un système social centralisé, obligatoire et monopolistique. Il est temps de réduire l’État à son rôle assigné par les révolutionnaires de 1789 : la défense de nos droits naturels inaliénables : la liberté, la propriété et la sécurité. Laissons faire les Français pour créer, imaginer ou produire, et la crise sera derrière nous.
Voici 10 propositions pour remplacer l’État providence par la société providence :
1) Retrouver un excédent budgétaire en 3 ans par une réduction massive de la dépense publique.
2) Recentrer le gouvernement sur ses deux fonctions régaliennes : sécurité et justice. Rétablir une justice qui juge vite et selon des principes clairs, fondés sur la pleine et entière responsabilité individuelle.
3) Séparer l’économie et l’État : fins des subventions, des monopoles et des niches fiscales ; nouvelle loi sur les faillites bancaires ; retour à des monnaies saines étalonnées sur les métaux précieux.
4) Instaurer une fiscalité qui ne pénalise pas le succès : flat tax pour les dépenses locales, TVA pour les dépenses nationales. Payer le salaire complet : libre choix des assurances sociales, dont la retraite.
5) Libérer les talents : chèque-éducation, liberté de collation des grades universitaires.
6) Garantir la liberté d’expression : rétablir la loi de 1881.
7) Réintégrer la fonction publique dans le droit commun du travail et des retraites.
8) Abolir les privilèges actuels des élus : interdiction du cumul des mandats, diminution du nombre de sièges et de niveaux institutionnels
9) Mettre en œuvre une véritable démocratie directe : élargir le référendum d’initiative populaire, rétablir la représentativité effective des représentants du peuple par une proportionnelle intégrale.
10) Rétablissement du droit de propriété dans l’immobilier pour la construction comme la location.