Miles Davis Quintet. Live in Europe 1967. The Bootleg Series. Vol.1

Publié le 10 janvier 2012 par Assurbanipal

Miles Davis Quintet.

Live in Europe 1967. The Bootleg Series. Vol. 1

Legacy Recordings.  Sony Music. 2011.

Miles Davis: trompette

Wayne Shorter: saxophone ténor

Herbie Hancock: piano

Ron Carter: contrebasse

Tony Williams: batterie

Concerts enregistrés durant la tournée européenne de l'automne 1967 à Anvers, Copenhague, Paris, Karlsruhe, Stockholm.

La photographie de la Tour Eiffel est l'oeuvre du Francophile Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Le second quintette historique de Miles Davis, après celui avec John Coltrane entre 1956 et 1960, dura de 1964 à 1968 et fut le petit groupe le plus créatif de l'histoire du Jazz comme le dit Antoine Hervé que j'approuve entièrement. Ce fut son dernier groupe entièrement acoustique. Cette musique était arrivée à un tel degré de sophistication que, pour se renouveler, Miles Davis changea à la fois de musiciens et d'instrumentation en succombant aux charmes de la Fée Electricité.

Le quintette de Miles Davis en 1967 était composé des cinq éléments suivants: le Feu (Tony Williams), la Terre (Ron Carter), l'Eau (Herbie Hancock), l'Air (Wayne Shorter) et le Sorcier, le Prince des ténèbres (Miles Davis). Sorcerer, Prince of Darkness sont deux titres de l'album Sorcerer enregistré par ce quintette et qui restent comme surnoms à Miles plus de vingt ans après sa mort.

Sur scène, le groupe mêlait des standards anciens comme Walkin', Round about Midnight et des compositions nouvelles Agitation, Footprints qui illustre cet article comme extrait sonore. Le résultat est d'une beauté vertigineuse, à vous rendre fou tant le quintette est créatif, soudé, les morceaux s'enchaînant sans pause, sans temps mort dans une suite orchestrale où chaque concert était l'occasion de réinventer à partir de thèmes connus. Sans vous en apercevoir, ils vous perdent rythmiquement, hamoniquement, mélodiquement pour vous emmener vers des contrées d'eux seuls connus et dont vous ne reviendrez que lorsqu'ils l'auront décidé.

Avec ce coffret, 3 CD de musique + 1 DVD, l'auditeur, le spectateur peut comparer les versions, rester ébloui par la puissance de Tony Williams qui ne marque jamais le beat mais ne le manque jamais non plus, par l'ancrage de Ron Carter au son rond et souple, par la fluidité aquatique du jeu d'Herbie Hancock, la souplesse du souffle de Wayne Shorter passant du cri au murmure en un instant et, enfin, par la maîtrise de Miles Davis qui met tous ces génies ensemble au service de la musique pour la rendre toujours plus belle, plus surprenante, plus éblouissante.

En toute subjectivité française et parisienne, j'estime que le concert à Paris, Salle Pleyel, le 6 novembre 1967, lors du Paris Jazz Festival, est le meilleur du lot. Je l'avais déjà mais amputé des deux premiers morceaux (Agitation et Footprints) soit plus de 16mn de musique. Avec de tels musiciens, il ne faut pas en perdre une seconde. Si vous trouvez dans une bibliothèque l'édition du quotidien français Le Monde de l'époque, vous y lirez une superbe chronique de ce concert par le philosophe et critique Lucien Malson. Toute comme cette musique, elle n'a rien perdu de sa valeur.

Il s'agit du premier volume de ces Bootleg Series. Merci à mon frère préféré de me l'avoir offert. Qu'est ce qu'ils vont pouvoir nous sortir pour le 2e? 

Voici ce que ce quintette donnait sur scène en 1967. Il y a encore des Jazzmen aujourd'hui qui cherchent à approcher ce son. Ils cherchent encore.