Je reçois ce jour une offre de service qui ne me laisse pas indifférent. Une fois le besoin à satisfaire exposé, le rédacteur de ce prospectus, appliquant avec entrain la bonne
vieille règle de la tentation commerciale irrésistible, c'est à dire la progression { [Besoin] ► [Avantages] ► [Caractéristiques] }, énumère, au titre des avantages :
-finie l'angoisse de la page blanche ;
-finies les longues recherches de citations ou de références à l'actualité ;
-vous êtes certain d'utiliser les bonnes formules, les mots et le ton qui rassurent...
-vous disposez de variantes adaptées au climat du moment, favorable, serein ou orageux.
S'agit-il d'un guide pour tâcherons du blogue, d'un vademecum pour forçats du tract électoral, d'un manuel pour besogneux de l'articulet ?
Non.
Le titre de cette somme providentielle est, modestement, 700 discours pour faire face à toutes les situations. De plus, satisfait ou
complété, car l'éditeur promet de fournir gratis pro deo le discours qui manquerait à la panoplie.
A 154,41 € port compris, cela met le discours à 22 centimes.
Ce compendium se dit étudié pour les chefs d'entreprise. Et actualisé cinq fois par an, parce que le monde bouge.
La table des matières laisse toutefois apparaîre quelques lacunes. Par exemple, discours pour :
-lancer un entretien de licenciement sur des bases fabriquées
-annoncer la perte par pure bêtise d'un gros marché
-expliquer les raisons pour lesquelles le dernier directeur à touché de si grosses indemnités
-féliciter les nouveaux délégués du personnel élus après une grêve dure
-justifier l'abandon d'un projet suite à un vote des actionnaires préférant dividendes à investissement
Il serait tentant de demander à l'éditeur de fournir ces indispensables outils pour rester serein dans une ambiance orageuse.
Crédits : Merci à René Magritte, pour La page blanche,1967, Huile sur
toile (54 x 66). Une de ses dernières toiles...