Et puisqu’il est question de collections et de Pinacothèque, allons voir ce que celle-ci présente sous cette étiquette : non pas ses collections propres (elle n’en a pas) mais ce que certains collectionneurs ont mis là en dépôt à moyen terme. Ces quelques salles sont présentées dans le style maison, très judoka : « tirons parti de nos faiblesses, pour les présenter comme des avantages ». Mais ici, pas d’anti-Cri possible. Alors, on présente une ‘collection’ en niant l’idée même de collection : « Oubliez ce que vous avez appris, la confrontation des œuvres parle d’elle-même », vous aurez ici des ‘correspondances sensibles’ abritées derrière cette (fort juste) sentence de Malraux « Le Musée ne doit pas devenir un cimetière ». L’accrochage ne fait donc que refléter la sensibilité du maître des lieux : ce n’est pas a priori rédhibitoire, mais, comme c’est très personnel, on se demande à chaque fois « est-ce que ça fonctionne pour moi ? ».
Edvard Munch, Femme à sa toilette, 1917
Avec L’Amour de Ferdinand Hodler, ce nu de Munch partage une même vibration imprécise des corps, mais pourquoi mettre un Delvaux au milieu ? Et puis quel est donc ce tableau de Munch en mains privées ? Femme à sa toilette, de 1917, dit le cartel. Mais, étrangement, il n’apparaît pas dans le catalogue raisonné des tableaux d’Edvard Munch, sauf erreur de ma part.
Marcel Duchamp; La piste de chevaux ou steeplechase, 1910-11
Parmi les curiosités, cette oeuvre de Marcel Duchamp, dont je n’avais jamais entendu parler, mais qui, lui, est authentifié : La piste de chevaux, ou Steeple Chase, de 1910/1911. Ce ruban de Moebius est une piste pour jouer aux petits chevaux, une vue aérienne d’un parcours hippique (mais pas d’obstacles apparemment, donc pas de ‘steeple’).
Tout cela ne fait pas une exposition, hélas, juste une distraction, ce que les petits chevaux sont à la Haute École.
Photos 1, 2 & 3 de l'auteur.