Il est très intéressant de voir comment se dévoile, jour après jour, la tactique de Nicolas Sarkozy pour approcher sans trop dégâts d'un scrutin qu'on lui promettait ingagnable voici 4 mois.
Taper sur François Hollande
La rage déployée contre François Hollande par les ténors du clan sarkozyste est évident. Elle dépasse le combat électoral habituel. Depuis des semaines, les consignes sont claires. Il faut attaquer Hollande chaque jour et sur n'importe quel sujet: son physique, son comportement, ses propositions, son calendrier, ses proches ou ses alliés, le Parti socialiste, etc. La moitié du gouvernement a été mobilisée sur l'affaire. C'est à se demander quand ces ministres prennent encore le temps d'assurer la mission pour laquelle ils ont été nommés. Nadine Morano est aussi active sur Twitter et dans les médias que son agenda officiel est vide. Laurent Wauquiez avait peu à défendre sur son action en matière d'Enseignement Supérieur, sauf l'assouplissement d'une circulaire inefficace et inique de ... son collègue Claude Guéant.
Se cacher
Nicolas Sarkozy ne s'expose pas, refuse de s'afficher candidat. Il se planque. Personne n'est dupe, mais rares sont les médias qui insistent sur une facette de cette posture: Nicolas Sarkozy attaque caché. Il ne cite jamais publiquement Hollande, Le Pen ou Bayrou. Il préfère des propos faussement « off », ou laisser ses sbires mener l'attaque frontalement. le « Président-courage » fustige en coulisses, attaque de biais, préfère les allusions à la critique directe. Quelle stature !
Cacher son programme
Ce que Nicolas Sarkozy n'a pas fait... est à lire dans le programme de l'UMP. On l'avait oublié, mais l'UMP a un programme. Les ténors de Sarkofrance, ministres ou conseillers élyséens, s'échignent à tacler la prétendue absence de programme de François Hollande. Ils se refusent tout autant de commenter les propositions des autres candidats. Le programme de l'UMp, lui, a un curieux statut. Dès septembre dernier, on nous avait prévenu que le candidat Sarkozy ne se sentirait absolument pas lié par ces nouveaux engagements. En gros, c'est un texte qui... ne sert à rien.
Faire monter Le Pen
En juillet 2010, l'offensive anti-immigrés incarnée par le discours dit de Grenoble a fait choux blanc. Depuis, c'est Claude Guéant, ministre de l'intérieur, qui entretient la flamme. A coup de petites phrases et sales mesures, il laisse les thématiques principales du Front National perdurer dans l'espace médiatique.
Proposer n'importe quoi
Nicolas Sarkozy n'a peut-être pas de programme, mais il déploie une énergie folle à faire croire qu'il a encore des idées. Fin décembre, ses conseillers promettaient qu'il prendrait des « mesures fortes », après l'échec du second discours de Toulon. Pour sa première semaine de janvier, il a donc annoncé une TVA sociale, une taxe financière prétendument inspirée du projet Tobin, et la suppression du collège unique. « Hollande a choisi de gérer un patrimoine virtuel, celui des sondages. Moi, je vais lancer des idées et prendre des risques », aurait-il confié lui-même au JDD. Prendre des risques ? Nicolas Sarkozy est immobile depuis plus d'un an. Il a abandonné sa seule grande réforme prévue pour 2011 (sur la dépendance), raté une demi-douzaine de sommets européens, pour finir à 100 jours du scrutin à lâcher une avalanche de propositions plus ou moins contradictoires avec sa propre politique. Prenez la TVA sociale, quoi de plus crétin que d'augmenter de 3 ou 5 points une TVA parmi les plus élevées d'Europe en pleine récession ?
Préserver François Bayrou.
Ce n'est pas la plus petite des surprises de cette drôle de campagne. En 2011, Nicolas Sarkozy avait choisi de préserver François Bayrou de toute attaque. Il observait avec inquiétude les velléités indépendantistes de Jean-Louis Borloo qui avait quitté le gouvernement en novembre 2010. Quand ce dernier fut débranché en septembre dernier, le soulagement fut grand. Certes, le paysage des candidatures restait encombré, mais François Bayrou était aussi un sérieux atout pour mordre le flanc droit de la candidature Hollande. Ces derniers jours, on s'est félicité des ralliements de quelques ex-UMP tels Philippe Douste-Blazy (l'un des fondateurs du parti!) ou Jean Arthuis . Bizarrement, la réaction élyséenne fut très modeste, surtout si on la compare au déchaînement de rage sourde qu'ont subi les quelques soutiens de Borloo à l'automne (Rama Yade, Dominique Paillé, etc).
Le candidat centriste a nié, en décembre, avoir conclu tout pacte secret avec Nicolas Sarkozy. On n'en demandait pas tant !