Le vent de la contestation sociale souffle de nouveau

Publié le 10 janvier 2012 par Amroune Layachi

LE VENT DE LA CONTESTATION SOCIALE SOUFFLE DE NOUVEAU L'an 2012 risque d'être plus chaud

Des mouvements qui ont basculé dans la protesta les populations des wilayas de Guelma, Ouargla, Laghouat, Bouira, Msila, Chlef, Béjaïa, Boumerdès, Ghardaïa, El Oued, Batna et Tizi Ouzou.

A peine l'année 2012 entamée que le vent de la protestation souffle sur une bonne partie du territoire national. Au bout des deux premières semaines, des dizaines d'actions de protestation ont été enregistrées à travers plusieurs wilayas du pays.
Des mouvements qui ont basculé dans la protesta les populations des wilayas de Guelma, Ouargla, Laghouat, Bouira, Msila, Chlef, Béjaïa, Boumerdès, Ghardaïa, El Oued, Batna et Tizi Ouzou. Les populations sorties dans la rue reprenaient les mêmes revendications: logements, travail, développement, transport, etc, sont les leitmotiv des jeunes en colère. Les chômeurs de Skikda, Laghouat et Ouargla sont sortis protester pour réclamer de l'embauche et protester contre le mépris des autorités. Le chômage fait des ravages chez la jeunesse dans ces wilayas qui accueillent une importante activité dans le domaine des hydrocarbures. Les populations de cette région semblent bel et bien décidées d'en décondre avec la corruption et le népotisme de l'administration locale. Il faut noter que la ville de Laghouat a été «quasiment paralysée» par une grève générale à laquelle ont pris part des travailleurs de tous les secteurs en solidarité avec les demandeurs de logements sociaux, a indiqué à TSA le responsable du bureau local de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, Yacine Zaïd.
«La grève a été suivie par les transporteurs, les commerçants, les professeurs. Tout est à l'arrêt actuellement et la tension est vive», affirme M.Zaïd.

Les chômeurs accusent surtout les autorités locales de bafouer leur droit à un travail tel que garanti par la Constitution. Dans le même temps, la protesta gagne la wilaya de Tizi Ouzou. Plusieurs axes routiers ont été fermés par les citoyens. Les villageois ont procédé à la fermeture de la RN 12 à Oued Aïssi et la rocade Sud de la ville, la RN 15 dans la région de Larbâa Nath Irathen et la RN 30 à Aïn Zaouia. Les institutions publiques n'ont pas été epargnées: l'APC d'Aït Yahia Moussa, dans la région de Drâa El Mizan, a été également fermée par les villageois.
Avant-hier, plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa ont connu pareille situation. Dans la commune d'Oued Ghir, à l'ouest de Béjaïa, les habitants des villages Taâzibt, Boumansour et Amaadhane, ont fermé dans la matinée la RN 12 reliant la wilaya de Béjaïa à celles de Tizi Ouzou, Alger et Bouira. Ils manifestaient contre le manque d'eau. «Les robinets de nos foyers sont à sec depuis plus de 45 jours», précisent les manifestants.


À Adekar, l'association des parents d'élèves ferme un établissement scolaire. Dans la commune de Béjaïa, une autre association de parents d'élèves ferme une école primaire. Dans la wilaya de Boumerdès, des centaines de citoyens bénéficiaires de logements ont tenu un rassemblement devant le siège de la wilaya pour réclamer les clés de leurs appartements. A Tipasa, la grogne enfle aussi, les habitants de la commune de Fouka ont observé un sit-in devant le siège de la daïra pour exprimer leur colère contre les conditions de vie déplorables dans lesquelles ils vivent et réclamer des logements décents. Pour Blida, la route reliant Boufarik aux autres villes a été coupée par les habitants de Halouia, pour protester contre la non-satisfaction de leurs revendications concernant l'aménagement de la route et le raccordement au réseau de gaz de ville. A M'sila, des dizaines d'habitants de la commune de Ouanougha ont bloqué la RN 60 reliant la wilaya à Alger, pour réclamer notamment le raccordement au réseau de gaz de ville, attendu depuis plus de 25 ans. Fermetures des routes et d'institutions publiques, sit-in, émeutes, etc., tout est permis pour des populations en détresse afin de porter les raisons de leur colère qui ne sont, en effet, que la conséquence de l'accumulation d' «une situation sociale désastreuse». Dans l'état actuel des choses, on tend à désamorcer la protesta. Exemple des associations et syndicats autonomes tels le CLA, la Laddh, le RAJ, le Satef, le Snapap et SOS Disparus, organiseront une rencontre le 28 du mois en cours à Alger pour débattre de la situation actuelle du pays. Au cours de cette réunion, les syndicats échangeront des informations, des réflexions et des propositions en vue d'actions communes. La dépense publiques grâce aux hydrocarbures, qui était de plus de 400 milliards de dollars entre 2004 et 2014 (dont aucun bilan n'a été fait) demeure, pour bon nombre d'observateurs, non proportionnelle aux impacts. C'est ce qui explique en partie le faible taux de croissance et le retour de l'inflation ainsi que le risque permanent de basculer dans la protesta généralisée.


Le minima requis par Algérien à avoir un emploi, un logement, se marier, est une demande sociale croissante. La jeunesse algérienne descendra dans la «rue» tant que les gouvernants ne lui tiennent pas un discours de vérité. En tout cas, l'Algérie est devenue une grande maison en verre avec la révolution des technologies de l'information et c'est ce qui a mis à nu la dure réalité qu'affrontent les populations à travers les quatre coins du pays. Il suffit de faire un tour sur la Toile, chaque petit mouvement, chaque petit couac de protesta est vite retransmis en direct sur les réseaux sociaux et autres sites sur Internet. Le vent de la révolte s'apprête-t-il à souffler sur des régions au sous-sol riche en gaz et en pétrole et où les populations demeurent pauvres et misérables? Viendra-t-il des régions enclavées dont personne ne parle?