Je commence ici la publication des anciens billets du blog “Créer et animer une association 1901″ qui avaient trait au web 2.0. Que les lecteurs de ce blog veuillent bien m’en excuser.
En réponse à business garden qui dans un excellent billet de synthèse se pose la question des centaines de réseaux sociaux, pour quoi faire ?
Le succès des réseaux sociaux en ligne et autres systèmes communautaires du web 2.0 repose sur notre tendance archaïque à nous chercher des partenaires.
Les anthropologues ont démontré que l’homo sapiens était une espèce collaborative par excellence. Il apparaît que les humains sont certes des mammifères supérieurs mais ils sont plutôt “généralistes” en terme de compétences et assez “médiocres” sur le plan des performances physiques. Pour cette raison, ils ne peuvent survivre et se réaliser que dans l’interaction avec leur semblables ; ils sont donc habitués à chercher en toutes circonstances des partenaires avec qui collaborer en vue d’une bénéfice mutuel.
Tout au long du processus d’hominisation, la socialisation nous a été imposée, souvent de manière cruelle : pendant quelques millions d’années, disposer de partenaires fiables (pour la chasse, s’occuper des enfants, organiser la cueillette et la conservation des aliments, procurer outils et armes, garder la hutte et entretenir le feu pendant mes absences, etc) a été une condition de survie.
Par ailleurs, les âges sombres qui nous ont précédés connaissaient une logique tout binaire : celui qui n’était pas un collaborateur potentiel se transformait vite en prédateur. Dans de nombreuses circonstances, il nous faut rapidement pouvoir se “faire un avis”.
La sociologie et les sciences cognitives ont démontré que cette tendance (quasiment innée) à la socialisation est effectivement guidée par le principe de fiabilité. Dans les multiples communautés qui s’offrent à nous, on choisit toujours celles dont les membres présentent pour nous la plus grande fiabilité. Cela commence chez l’enfant qui construit son premier réseau à partir des ascendants et collatéraux qui l’entoure.
Le cerveau est ainsi fait que, face à toute sollicitation sociale, je dispose intuitivement d’une prise de position toute personnelle : est-ce que la personne m’est sympathique, suis-je en confiance, peut-on engager la conversation, quels types d’interaction suis-je prêt à envisager dans ce contexte, etc. C’est un peu les mêmes mécanismes qui sont à l’oeuvre dans le métro aux heures de pointe, quand l’on ressent immédiatement qu’une certaine personne est trop proche de soi.
Sur le plan anthropologique, ces comportements posent la question fondamentale de la confiance en autrui ; de quelles manière ont vient-on à porter un jugement sur l’aptitude d’un tel à collaborer -au sens social, interagir- avec soi, dans une relation bénéfique et durable ?
Le cerveau compile très rapidement de nombreux indices, à partir desquels il établit immédiatement une projection, des anticipations positives ou négatives, qui vont déterminer mon comportement et décider de la suite de l’interaction sociale.