Villepin, Boutin, Morin : les Chipmunks sont dans un bateau…
Vous connaissez les vers célèbres de Corneille : « Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort. Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port » – il en est des parrainages à la présidentielle comme de la poésie classique. A chaque élection, les petits partis bêlent qu’on veut les étrangler en les muselant.
Il est vrai que pour Nicolas Sarkozy, « Atomic Boutin » , alias miss demi-pourcent, (ou miss 50 cences), représente une ennemie mortelle qui doit l’empêcher de dormir. Et je ne parle pas des autres cheapmunks (Morin, Villepin…).
Après Boutin, Le Pen, puis Poutou se sont engouffrés dans la brèche. Le Front National est le meilleur à ce petit jeu – courant janvier, il menace, tape du sabot, montre les cornes, mugit. Atteinte à la démocratie : place à la victimisation. C’est le grand complot de « l’establichement », celui piloté par les élites mondialisées, les métèques, les étrangers, et les européistes. Il n’y a que Baillerou qui n’a pas encore crié au meurtre, sans doute absorbé par sa politique du P.I.R*.
J’en cache les deux tiers, aussitôt qu’arrivés,
Dans le fond des vaisseaux qui lors furent trouvés;
Et puis finalement, deux mois plus tard, on s’aperçoit que tout le monde a ses signatures. En 2007, nous étions tellement riches que nous avions 5 candidats d’extrême-gauche et de gauche radicale, totalisant au final 10% des voix. Le fameux système de parrainages n’a donc pas été filtrant – mieux aurait valu avoir 2 candidats de gauche protestaire à 5% que 5 en dessous de ce seuil de remboursement.
Il ne faut pas s’en étonner : clamer qu’il est difficile de collecter 500 signatures sur 38 000 parrains possibles, c’est quand même fort de café : en 2007, les 12 candidats avaient besoin de 6 000 parrainages, ce qui en laissa donc 32 000 orphelins théoriques.
Bref, in fine, ce système de parrainages est complètement daté :
1/ laisser entendre qu’un parti comme le FN, qui a fait 10% des voix en 2007, ne pourrait pas être autorisé à concourir automatiquement en 2012, c’est aberrant ;
2/ permettre à des mecs comme Schivardi se présenter, à coté de Besancenot ou Laguiller, c’est clairement démontrer que la Droite donne des signatures à des candidats extrêmes pour affaiblir la Gauche, et donc que ces parrainages sont une très grande forfanterie.
3/ On en arrive à ce que 50%des candidats parle à 10% des votants (cf. 2007). Donner la moitié du temps de parole à la minorité, beau système !
* Et oui ! Produire, Instruire, Reconstruire. Ca aurait pu être pire s’il avait dit « Punir », la politique du PIP.
Sujets: Banderille, Toréador critique la Droite, Toréador critique la Gauche, Toréador critique le Centre | No Comments »