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Si je t’aimais avant…

Publié le 09 janvier 2012 par Quiricus
Si je t’aimais avant… Si je t’aimais avant c’était pour tes cheveux Maintenant que tu es chauve, je ne t’aime plus Chanson enfantine Elle s’était réveillée à six heures pour démêler minutieusement ses cheveux avec la brosse à poils durs, au manche cassé. Ses cheveux lui tombaient presque jusqu’à la ceinture, mais c’était ce jour-là le dernier lissage, le coup de l’adieu qu’elle leur donnait. Avant la fin de l’année elle avait troqué sa crinière ondulée pour un peu d’argent avec lequel fêter Noël. « Ici on achète les cheveux » pouvait-on lire sur la porte de l’étroit couloir où elle était entrée sans y réfléchir davantage. Deux coiffeuses lui avait estimé sa chevelure en fonction de la longueur, de l’épaisseur et particulièrement sur le fait qu’elle était bien entretenue. Elle était entrée tôt le matin avec un grand chignon et elle était sortie après midi avec juste un duvet derrière les oreilles. Elle avait reçu en échange une somme non négligeable en pesos convertibles avec laquelle elle avait pu acheter de la viande de porc, du cidre, des tomates et aider sa mère à faire réparer son dentier. « Ca repoussera » avait-elle dit à son fiancé pour le consoler lorsqu’il l’avait vue pour la première fois après la tonte. « C’est parce que j’ai eu une invasion de poux que je me les suis coupés…» avait-elle menti.
Le marché du cheveu gagne en importance dans un pays qui oscille entre les impératifs de la coquetterie et les difficultés matérielles. Au cœur de la nuit de la Havane, une grande partie des coiffures audacieuses que l’on voit dans les rues sont faites à partir d’extensions et d’ajouts. Les acheteurs avec le plus de moyens recherchent des cheveux qui n’aient pas été teints et qui proviennent particulièrement de femmes jeunes. Certains de ces commerçants vont jusque dans les petits villages, en sachant qu’ils peuvent y trouver la marchandise à meilleur marché et des vendeuses plus désespérées. Entre les mains des stylistes les « mèches » sont fixées boucle après boucle sur la nouvelle tête de la cliente dans un processus qui peut durer des heures. Même si l’on utilise aussi des mèches synthétiques, celles d’origine naturelle sont très demandées et mieux payées. On les importe de Floride, d’Equateur ou du Mexique et elles font partie des demandes récurrentes aux parents qui voyagent à l’étranger. Actuellement l’unique capital économique de beaucoup de femmes de ce pays provient de leur cuir chevelu. Si elles rencontrent des difficultés, il y aura toujours quelqu’un d’intéressé pour leur acheter leurs cheveux, pour échanger quelques coups de ciseaux contre de l’argent. Traduit par Jean-Claude MAROUBY

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