Avant de nommer mes films préférés de 2011, il est traditionnel de pointer du doigt les ratés de l’année, ces films qui m’ont donné l’impression que je gâchais quelques heures de ma vie que j’aurais pu occuper à des projections plus palpitantes. Pour certains d’entre eux, je suis le premier fautif, masochiste que j’ai été à aller vers des films dont il était évident que les qualités seraient inexistantes avant même de mettre les pieds dans la salle. Pour d’autres, tout indiquait au contraire qu’ils avaient le potentiel de figurer plutôt parmi les meilleurs de l’année. Ceux-là, certains ne partageront pas du tout ma déception, voire mon aversion pour eux, et c’est tant mieux. Les mauvais élèves de l’année dans mon cahier ? Les voilà.
Le Cheval de TurinJe pourrais écrire un roman sur Le Cheval de Turin, et les raisons pour lesquelles je n’ai pas aimé le « chef d’œuvre » de Bela Tarr, le « plus grand cinéaste hongrois » (en même temps, combien sont-ils ?). Un billet déjà ne serait pas mal, si je trouve le temps dans les prochains jours, je m’y attellerai. Il est très, très rare que j’aie envie de quitter un film en pleine projection tant une incompatibilité règne entre le spectateur que je suis et le film sous mes yeux. Pourtant Le Cheval du Turin vient s’inscrire parmi les happy few. Une torture de 2h30 qui comptera parmi mes plus profonds ennuis de ma vie de spectateur (oui car malgré l’envie, comme d’habitude, je suis resté jusqu’au bout !).
Winnie l’ourson« C’est pas pour les gamins ça plutôt ? » Si, bien sûr, c’est un film pour enfant. Et seul, je n’y serais certainement pas allé. Mais je me suis laissé entraîné par des amis, en souvenir de ces soirées des années 80 où Jean Rochefort nous faisait la lecture des aventures de Winnie, Tigrou, Porcinet et les autres, me laissant convaincre que ce serait un délicieux retour en enfance. Le constat fut amer, et ce ne fut qu’agacement devant un film qui ne s’adressait pas le moins du monde aux grands enfants nostalgiques, mais seulement aux moins de 8 ans. Voire aux moins de 6 ans.
Les aventures de Philibert, capitaine puceauAaaaaaah, Philibert ! Que je l’ai attendu ce Philibert, depuis l’époque où Jocelyn Quivrin était encore de ce monde et devait enfiler les collants du swashbuckling hero. J’en attendais une parodie des films de capes et d’épées enlevée et aussi délicieuse que les OSS 117 de Michel Hazanavicius. Eh biennon. Point de rire, de jubilation, de personnages hauts en couleurs et d’aventures trépidantes. Mais de la mollesse en veux-tu en voilà. Un abysse artistique du genre qui faisait peine à voir, et un bide monumental au box-office pour lequel les responsables du film ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes.
Le complexe du castorJodie Foster de retour derrière la caméra, j’attendais cela avec curiosité depuis quelques années, le long d’un feuilleton Flora Plum qui n’a jamais abouti. En lieu et place, Jodie a donc confectionné un rôle pour son vieux pote Mel. Pourquoi pas, allez, soyons indulgent et oublions les frasques de Gibson. Le problème du Complexe du Castor est cependant ailleurs : un scénario catastrophique qui dépeint les relations humaines avec une lourdeur sans commune mesure. Jodie Foster n’y est pas allée de main morte, se réservant même au passage le pire rôle du film, si mal écrit qu’on en pleurerait presque, mais de rage ou de rire, jamais de cette émotion recherchée.
Balada TristeJe pensais vraiment avant d’aller le voir que le dernier film d’Alex de La Iglesia serait pour moi. Qu’il serait de ces films qui savent m’étonner et m’enthousiasmer. La folie du cinéaste espagnol m’a suffisamment séduit par le passé pour avoir placé haut mes espoirs en Balada Triste, espoirs accentués par la présence du film au palmarès de La Mostra de Venise présidée par Quentin Tarantino. Mais cette folie là ne m’a étonnée que par l’agacement et la lassitude qu’elle a fait naître en moi. Les personnages m’ont insupporté, le style passablement ennuyé, et le film profondément gonflé.
Pain noirDécidément, le cinéma espagnol n’était pas à la fête (à mes yeux bien sûr, calmez-vous les gars, je sais bien que vous vous avez adoré Balada Triste !) dans les salles françaises en 2011. Et après le film de genre récompensé à Venise, c’est le drame plus académique bardé de Goyas qui s’est effondré. Un maelström si confus qu’il en perd vite tout intérêt. Je suis peut-être une rare voix discordante concernant ces deux films, mais si c’est là ce qui se fait de mieux dans le cinéma espagnol… alors le cinéma espagnol va mal (heureusement qu’il y a eu Blackthorn de Mateo Gil !).
ConanLa palme du nanar de l’année, le Conan version 2011 par Marcus Nispel l’emporte haut la main. Sur le papier déjà, redonner vie au héros autrefois incarné par Schwarzie ne semblait pas la meilleure idée qui fût. La grande surprise du film, c’est que le résultat à l’écran est encore plus catastrophique que prévu. Un festival de nullité digne des grandes séries Z des soirées bis de la Cinémathèque Française, une œuvre (eh oui, c’en est tout de même une !) si ridicule qu’on se demanderait presque si les responsables ne l’ont pas un peu fait exprès. Rendez-vous dans une future séance de minuit à Panic Cinéma, Conan !
Forces spécialesForces Spéciales est au nanar français ce que Conan est au nanar américain, le plus indiscutable représentant de l’année. Avec un p’tit nouveau aux manettes et un casting ne manquant pas de panache (Djimon Hounsou ! Raphaël Personnaz !), on était en droit d’attendre un film d’action militaire nerveux et plein d’adrénaline. Au lieu de cela, Forces Spéciales enfile les clichés à tous les étages, distille de la niaiserie en cascades, et fait passer Michael Bay pour un cinéaste admirable. Dans le genre cette année, L’assaut était bien mieux (c’est dire ?)…
Putty HillSi au rayon de l’ennui, Le cheval de Turin a clos l’année en fanfare, Putty Hill avait prouvé quelques mois plus tôt qu’il n’était point besoin de s’étaler 2h30 durant dans une ferme hongroise en noir et blanc pour stimuler le sommeil. En moins d’1h30 dans un cadre américain contemporain, le temps semblait presque tout aussi long dans Putty Hill. A mi-chemin en fiction et documentaire, une histoire de… de… de… mais de quoi déjà ? En voilà un que la critique dans Libé m’avait incité à voir, presque seul à l’Espace Saint-Michel… Pas la recommandation de l’année, c’est sûr.
Mineurs 27Et voilà le dixième, qui fera des jaloux tant j’ai hésité avec d’autres, mais le film de Tristan Aurouet restera comme une aberration cinématographique, flemmarde, inaboutie, ennuyeuse, qui n’est jamais capable de décoller, et lui permet de ravir une place dans ce Top du pire au Chaperon Rouge, à Priest, Le Rite, Sexe entre amis, Au bistrot du coin, ou aux plus sérieux mais tout aussi navrants à mes yeux Le gamin au vélo, Le moine, Impardonnables, Les bien-aimés ou Entre chien et loup. Marie-Ange Casta y montre beaucoup de sa personne, ce qui a de quoi séduire, mais pas assez pour sortir le film de sa misère.
Enfin je tiens à souligner que parmi tous les films qui n’ont pas trouvé le chemin des salles de cinéma françaises, il en est deux que j’ai vu en festival et m’ont prouvé qu’effectivement, ils ne méritaient particulièrement pas une sortie en salles : le japonais Cold Fish et le coréen Late Autumn. Vous n’avez pas pu les voir en festival ? Vous n’avez rien perdu sinon l’abomination. J’en fais un peu trop, c’est ça ? Je sais, mais c’est le petit plaisir des films que l’on n’aime pas, en faire des tonnes dans le rabaissement. Il faut bien leur trouver une saveur particulière, non ?