Pour autant, si notre propos n’est pas de parler de l’Apocalypse, il faut bien admettre que 2011 a été la fin d’un monde, et gageons que 2012 sera l’an 1 d’une nouvelle ère. La crise économique actuelle qui fait suite à celle de 2007 dont aucun de nos dirigeants n’a tiré les conséquences s’accompagne d’une prise de conscience par les citoyens, les « indignés de Wall Street » qui disent « nous sommes les 99% qui n’avons rien pendant que l’autre pour cent a tout » ou ceux de Madrid et d’ailleurs qui font écho au remarquable ouvrage de Stéphane Hessel
Parallèlement à cette légitime indignation, on ne peut que saluer « le printemps arabe » qui a vu en quelques mois des dictateurs que l’on pensait indéboulonnables grâce à la complaisance avec laquelle nous les traitions, tomber sous la pression de leurs peuples excédés.
Parmi ces changements importants, il y en a un qui devrait faire date, c’est celui qui s’est produit en Islande. La presse française, toujours soucieuse de ne pas déplaire au pouvoir, a consciencieusement oublié d’en parler, exception faite de Médiapart.
Ce petit pays de 320.000 habitants, en faillite en 2008 du fait de la crise bancaire, s’est débarrassé successivement de son gouvernement de droite puis de gauche à la suite de manifestations de rue énormes. Par deux fois, il a refusé, par référendum, les accords entre le nouveau gouvernement et les banques considérant qu’ « il n’y a jamais eu d’obligation légale pour les citoyens islandais d’assumer les pertes d’une banque privée ».
Résultat : la cohésion sociale est renforcée et la croissance supérieure à celle de la zone euro. Mais le plus original est qu’il a confié à une assemblée composée de 25 citoyens tirés au sort hors du « sérail » la charge de réformer la constitution. Chaque semaine depuis avril dernier, l’Assemblée constituante de l’Althing publie l’avancement de ses travaux et tout le monde est invité à partager ses idées sur le le site ou par le biais des réseaux sociaux
A quelques mois de l’élection présidentielle française, les candidats déclarés et putatifs rivalisent de gravité pour annoncer des lendemains sinistres jouant pour la énième fois le rôle de pompier pyromane et l’on comprend que nos compatriotes soient les champions du monde du pessimisme.
Toutefois, ils devraient méditer la formule de Moncef MARZOUKI, nouveau président de la République tunisienne : « le chef, c’est le peuple ».
Bernard MALAGUTI