Vous avez certainement rencontré ce type de personnalité. Dans la vie professionnelle, ou dans votre cercle familial. Dans un groupe de travail, une équipe projet, ou votre comité de direction. Leur particularité : produire de l’exaspération, générer des tensions relationnelles, en particulier dans le management.
Travailler avec des interlocuteurs/collaborateurs/collègues qui adoptent cette attitude n’est pas une mince affaire. Dans les séminaires du type «gérer les personnalités difficiles», on a tendance à porter l’attention sur les caractériels, les colériques, les sanguins, les tyranniques. Parce que ce sont des personnages spectaculaires, qui peuvent semer la terreur dans leur sillage. Pourtant, il n’est pas plus aisé de faire face à une personnalité passives-agressive. En particulier de gérer les émotions qu’elle suscite en nous.
Cette posture qui joue de l’inertie et de la passivité ; qui exprime ses désaccords dans l’après coup, parfois de manière insidieuse ; qui ne prend pas ou peu d’initiatives ; qui manifeste de l’aigreur et use de remarques dévalorisantes, ou à double sens... Voilà qui finit par user la patience et provoquer l’irritation. A la longue, des conflits profonds peuvent s’organiser.
La posture passive-agressive est souvent le pendant d’une incapacité à exprimer désaccords et oppositions. L’agressivité «ouverte» n’étant pas une option pour ces personnes, leurs sentiments hostiles transpirent de manière indirecte, par exemple dans des remarques «hypocrites», des bouderies ou, le plus souvent, une opposition butée... Ce qui provoque de l'incompréhension, puis de l’agressivité. La relation se degrade, et le cercle vicieux est ainsi enclenché.
Voilà, tel qu’en lui-même le passif-agressif. Son langage infra verbal, son comportement délivrent un message d’hostilité et de refus, sans que l’interlocuteur comprenne ce qu’il a fait pour mériter cela. On est dans la résistance massive. Bien souvent, cette personnalité - dont on me pardonnera ici de grossir le trait pour les besoins de la démonstration - s’épanouit dans des tâches routinières (dont elle se plaindra, bien entendu) et la position de victime... Qui comme on le sait, se retourne aisément en son contraire pour martyriser l’entourage.
Alors, que faire ? Ne pas hésiter, d’une manière ferme et respectueuse, à placer la personne devant ses contradictions et à rappeler les règles du comportement attendu - dans une équipe, par exemple. Le plus difficile est sans doute de surmonter l’agacement, ou la colère qu’elle peut induire. Ne pas l’ostraciser. S’efforcer d’éviter un registre affectif au profit d’une approche pragmatique, centrée sur les questions professionnelles et les taches à effectuer. Ne surtout pas attendre de cette personne de la reconnaissance ! Et ne pas hésiter, en cas d’obstructionnisme ouvert, à faire appel à un tiers d’autorité. Le rappel à la règle pourra être le meilleur moyen de ne pas laisser la situation dégénérer, par l’accumulation des non-dits, en un conflit larvé - qu’il sera alors très difficile de résoudre.