RDC : Les rébellions se réactivent à l’Est

Publié le 09 janvier 2012 par Rm Communication

Alors que la République démocratique du Congo (RDC) entre dans une période d’incertitude après des élections contestées, de nombreux groupes rebelles multiplient les attaques. Depuis début janvier, au moins 56 personnes sont mortes lors d’affrontements entre miliciens FDLR ou Maï-Maï et militaires de l’armée congolaise (FARDC) au Sud et au Nord-Kivu. Revue d’effectif des principales rébellions.

Depuis plus de 15 ans, l’Est de la RDC est victime d’une dizaine de groupes rebelles qui terrorisent les populations civiles et affrontent l’armée régulière. Ces groupes armés étaient restés relativement calmes pendant le long processus électoral congolais de la fin 2011. Mais sitôt, les élections terminées (on attend tout de même les résultats des législatives le 13 janvier), les attaques reprennent.

Les FDLR… encore et toujours

Depuis le début de l’année, au moins 45 personnes ont été tuées au cours de deux attaques de rebelles FDLR, une milice hutu rwandaise. Des attaques d’une violence extrême. A Ngolombe, au Sud-Kivu, le chef du village a été décapité, une femme enceinte éventrée et une partie de la population a été emmenée de force dans la forêt par les assaillants. Les autorités sont toujours sans nouvelles de ces civils. Les rebelles FDLR sont, à l’origine, des miliciens accusés d’avoir participé au au génocide de 1994 au Rwanda. Ils se sont réfugiés depuis en RDC, où ils violent, pillent et assassinent les populations civiles. L’armée régulière congolaise (FARDC), sous-payée et indisciplinée reste impuissante et toutes les négociations avec ces rebelles et Kinshasa ont pour l’instant échoué.

Les groupes Maï-Maï se multiplient
Quelques jours plus tard, ce sont des rebelles Maï-Maï, constitués d’anciens membres de l’armée congolaise, qui ont affronté l’armée régulière à la limite du Nord et du Sud -Kivu. Ces combats ont été l’occasion de découvrir une “nouvelle” milice Maï-Maï : les Maï-Maï “Guides”, qui nouent le plus souvent des alliances avec les FDLR. Bilan : 10 morts et un déplacement massif des civils du village de Buniakangendo.

D’autres Maï-Maï, les Raïa Mutomboki se sont affrontés avec les Forces armées congolaises à Vitshumbi, dans le parc national des Virunga au Nord-Kivu. Bilan : 1 morts et 4 miliciens capturés.

Gédéon terrorise le Nord-Katanga

Le Katanga, au Sud-Est de la République démocratique du Congo (RDC), n’est pas en reste avec le retour des milices de Kyunga Mutanga, alias Gédéon. Ce seigneur de guerre a été condamné à la peine capitale pour crimes contre l’humanité par la justice congolaise. Emprisonné depuis 2006, Gédéon s’est évadé en septembre dernier de la prison de Lubumbashi… en plein jour. Depuis, l’enquête est au point mort et un vent de panique souffle au Nord-Katanga. “La région est en train de sombrer dans la violence, la psychose et la peur. Il y en a beaucoup qui se cachent en brousse”, indique Mgr Fulgence Muteba Mugalu, évêque de Kilwa-Kasenga. Résultat : plus de 12.000 habitants ont fui les combats et vivent “dans le plus grand dénuement à Mitwaba”, toujours selon Monseigneur Muteba. Depuis l’évasion de Gédéon, le Haut-Katanga vit aux rythmes des affrontements entre l’armée congolaise et le groupe de Gédéon, allié à des Maï-Maï de la région.

Le CNDP toujours derrière Kabila ?

Un ancien groupe rebelle est également sous haute-surveillance : le CNDP. En 2008, ces rebelles tutsis avaient fait vaciller le pouvoir central de Kinshasa. Depuis l’arrestation de Laurent Nkunda par le Rwanda, en janvier 2009, les rebelles tutsis du CNDP ont fait allégeance à Joseph Kabila. Derrière leur nouveau chef, Bosco Ntaganda, les soldats du CNDP se tiennent pour l’instant à l’écart des principaux affrontements à l’Est du pays. Le CNDP contrôle toujours certains territoires du Nord-Kivu et administre des villages en toute impunité. Après l’annonce de la réélection très contestée de Joseph Kabila, le CNDP s’est retrouvé très divisé entre “pro-Kabila” et “pro-Tshisekedi” (l’opposant arrivé en seconde position à la présidentielle). Au cas où les choses tourneraient mal, le président Kabila a préféré prendre les devants, en rassurant les rebelles tutsis avec quelques nominations de dernières minutes au sein des FARDC et des soldes en conséquence. Dans le contexte actuel, où l’opposition conteste sa réélection, Joseph Kabila n’a pas intérêt à laisser le mécontentement s’installer au sein du CNDP. Pourra-t-il tenir le CNDP encore longtemps ? C’est un des paramètres clés de la sécurité dans les Kivu.

Christophe RIGAUD
Source: www.afrikarabia.com