Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
16e épisode
Résumé de l’épisode précédent : La visite de l’improbable demeure continue. De là on passe dans les champs. Un « vieux paysan » tient des propos sybillins et quelque peu inquiétants. Dans la proche forêt, des losanges tournent, suspendus dans la lumière.
Ment pas, non, mais : ça sait — quelque chose qu’on
Ne sait pas, nous (les hommes) ; qu’on ne saura pas.
Et ça veut ça : qu’on sache qu’eux savent (ces chants
) et que nous, nous ne saurons pas. Pas dignes de sa
Voir. De ce « ça veut » vient seulement tout l’élan, a
Vant que ça s’arrête. Tarir, se taire, voilà la pente, le
Penchant, de ces chants, de ces chants forcément lan
Guissants ils s’élancent comme pour mieux s’arrêter
Et s’écouter se taire. Voilà tout le truc. Nous on est é
Lancé, les hommes, c’est vrai, ça nous élance, mais u (790)
Ne chose qu’on sait c’est, qu’on ne l’a pas volé : tout
Ce mal, je veux dire, qu’on aura fait à la forêt et aux
Hôtes (autres que nous) de ces bois. Et les pluies, où
Sont les pluies ? Il ne pleut pas, c’est vrai, il ne pleut
Pas mais on sent la pluie. Non pas qu’on l’attende —
Elle ne viendra pas et même aux narines... pas trace,
Pas une pincée pas la plus petite ligne de pluie à sni
FFer. Mais elle est là quelque part, lle dort dans un
Vieux hamac, qui en quelque sorte l’ensache (s’étant
Refermé sur elle, comme la cosse sur les pois), tendu (800)
Entre deux hêtres, en vue d’une clairière. Le chemin
Avait retroussé ses manches, c’était d’ailleurs plutôt
Un sentier, et une petite fille y marchait. Elle ne lam
Binait pas, certes, elle courait presque, et se touchait
Souvent les fesses... comme si on venait de les lui pi
Quer avec une baguette taillée en pointe. Son panier
Était tout empierré, de pierres froides : sous les espè
Ces d’un bocal de confiture de mûres, d’un petit pot
De miel, un autre de beurre demi-sel, et une tranche
De gâteau battu. Tout ça solidaire dans une sorte de (810)
Gelée glacée. Oui da. Et elle, la petite fille ? Point n’a
Vait de fichu rouge à pois blancs ; mais un chaperon
Rouge uniment. Et où qu’il aille...ce matin-là, le cha
Peron ne cessait de croiser, recouper l’oblongue orbi
Te d’un son très long, un bourdon. La jupe courte et
Rouge aussi, cinglait, poivrée. Les petites jambes ne
Lui laissaient pas de répit. Elles tricotaient, elles tric
Otaient, enfin c’était un vrai travail. Et le rouge était
Excessivement mis, il faisait de grosses taches des ta
Ches qui faisaient rapporté et, ça avait quelque chose (820)
De dérangeant voilà, de dérangeant, même et surtout
Pour le rouge lui-même, il avait carrément honte d’ê
Tre mis là et tant que ça. Il avait la main la main gau
Che plaquée sur la bouche, verticalement et l’autre, l
A droite, sur les yeux, horizontalement. Vous voyez,
Vous le voyez ? Le rouge, merde ! le rouge, bordel de
Merde...Un coup d’œil aux sabots maintenant ? Ben,
On voit rien. Ils sont noyés dans l’herbe, elle est hau
Te l’herbe, et elle cache les petits sabots... Et la petite
Fille au chaperon rou.... Allez ! on va l’appeler Alice (830)
Ce sera plus simple. Eh bien, Alice file sur ses petites
Jambes, serrant les fesses, elle ne regarde rien sur les
prochain épisode le mercredi 11 janvier 2012