Onze ans après la découverte de mon cancer, me voilà revenue dans la même clinique, avec le même chirurgien, pour changer mes prothèses qui ont parfaitement rempli leur rôle jusqu’ici. Une impression de déjà vu, de retour à la case départ… Je ne serais pas honnête en disant que le scandale des prothèses PIP ne m’a pas un peu (beaucoup?) poussée à prendre ce rendez vous que je reculais à loisir. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé en fin d’année de commencer 2012 avec une poitrine flambant neuve.
Il faut avouer que ma reconstruction avait mal vieilli notamment à cause des rayons que j’avais du subir après ma rechute. La prothèse était indurée, la peau rétractée et j’étais une femme reconstruite mais asymétrique .. Je le vivais relativement bien puisque cela ne se voyait ni habillée ni même en maillot de bain. Mais finalement cette reconstruction ne me convenait pas et je portais sur moi une prothèse interne qui remplissait à peine sa fonction d’illusionniste. Nue impossible de mentir ….
Lors de mon rendez vous avec le chirurgien, j’ai revu les photos de l’époque et je me suis prise à rêver à nouveau d’une jolie poitrine .. Pour lui, aucun souci, en bon virtuose du scalpel, il me promettait de beaux seins peut être même un peu plus gros si ma peau lui en laissait la possibilité. Moi, plus dubitative, je me persuadais que de toutes façons il fallait les remplacer et que cela ne pouvait pas être pire.
Après des vacances passées loin de la grisaille parisienne et finalement assez loin de toute appréhension, je me suis présentée aux admissions de la clinique parisienne dans laquelle mon chirurgien officie. Impression bizarre de croiser les mêmes regards, de fouler les mêmes pas, de gommer dix ans de vie. La chambre qui m’a été attribuée est à deux pas de celle que j’occupais à l’époque. Et si les locaux ont été réhabilités depuis, l’ambiance est restée la même.
Restée seule dans la salle de bain pour la douche pré-opératoire, j’ai posté sur Facebook un statut, la bouteille de betadine à la mer…et là, le miracle d’internet a fonctionné ! En quelques minutes des dizaines de messages d’amis virtuels sont arrivés sur ma page, un essaim de paroles réconfortantes…. Je n’étais pas seule comme la dernière fois, mais incroyablement entourée par des hommes et des femmes qui pour la plupart ne me connaissent pas dans la vraie vie. Et comme certaines me l’ont dit, c’est à plusieurs que nous sommes donc descendues au bloc.
Forte de tout ce que ce blog m’a appris, j’étais bien décidée à ne pas subir et à imposer mon point de vue de patiente éclairée à tous moments… C’est ainsi que j’ai expliqué dix fois aux laborantins que non, ils ne pouvaient pas me piquer ailleurs que sur la main, que oui mon système veineux avait été bousillé par la chimio …j’ai dit et redit que je ne voulais pas d’elastoplasme auquel je suis allergique et je me suis finalement endormie en espérant que tout se passe bien et en pensant aux amis facebookiens qui attendaient de mes nouvelles.
Un réveil en douceur, (la gestion de la douleur n’a plus rien à voir avec ce qui se pratiquait à l’époque) et après une journée passée à essayer de sortir des limbes de l’anesthésie, j’ai attendu le changement de pansement pour enfin voir le résultat. Là encore j’ai imposé de faire la manipulation devant le miroir de la salle de bain. Pas question de découvrir ma nouvelle poitrine allongée, sans recul. Et, miracle ! Mon gentil chirurgien m’a non seulement redonné des seins si ce n’est symétriques du moins plus dissymétriques mais en plus j’ai gagné un bonnet et une cicatrice plus discrète! Une renaissance….
Et me voici, de retour à la maison, en pleine forme, même si je dois apprendre à me ménager un peu.
Voilà, je voulais vous raconter ce nouveau pan de ma vie avec le cancer. Je voulais surtout vous remercier pour tous vos messages qui m’ont aidée plus que je ne saurais le dire. Enfin, je voudrais une fois de plus dans ce blog, vous donner un peu d’espoir. Je sais que chaque histoire est différente, je sais que certaines d’entre vous se battent au quotidien et ont parfois envie de baisser les bras, je sais, enfin que ce que je viens de subir n’a rien à voir avec les traitements lourds comme la chimio, mais je voudrais vous faire passer ce message : je suis là au bout de 11 ans refaite à neuf, après un cancer invasif et une méchante rechute, et meme si je ne me sens pas guérie, j’ai survécu et c’est tout ce que je vous souhaite à toutes.
Catherine
PS : je tiens à préciser que la jolie poitrine qui illustre ce post n’est malheureusement pas la mienne