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Prix Goncourt des lycéens 2011
« Certes ton époque n’enferme plus si facilement les jeunes filles, mais ne te crois pas pour autant à l’abri de la folie des hommes. J’ai vu passer les siècles, l’histoire n’a jamais cessé de chambouler nos vies et les évidences sont infiniment fragiles. » (p. 188)
L’auteur :
Carole Martinez, née en 1966, a été comédienne avant de devenir enseignante. Son premier roman, Le Cœur cousu (2007), a connu un grand succès de librairie et a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix Renaudot des lycéens et le prix Ouest-France Étonnants-Voyageurs.
L’histoire :
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire « oui » : elle veut faire respecter son vœu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
Ce que j’ai aimé :
- J’ai retrouvé avec plaisir le style de Carole Martinez ainsi que sa capacité à créer de véritables personnages ancrés dans des époques révolus. Elle est douée d'un talent de conteuse indéniable :
« Je suis l'ombre qui cause.
Je suis celle qui s'est volontairement clôturée pour tenter d'exister.
Je suis la vierge des Murmures.
À toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dire l'espoir des emmurées. […]
J'ai tenté d'acquérir la force spirituelle, j'ai rêvé de ne plus être qu'une prière et d'observer mon temps à travers un judas, ouverture grillée par où l'on m'a passé ma pitance durant des années. Cette bouche de pierre est devenue la mienne, mon unique orifice. C'est grâce à elle que j'ai pu parler enfin, murmurer à l'oreille des hommes et les pousser à faire ce que jamais mes lèvres n'auraient pu obtenir, même dans le plus doux des baisers. […]
Entre dans l'eau sombre, coule-toi dans mes contes, laisse mon verbe t'entraîner par des sentes et des goulets qu'aucun vivant n'a encore empruntés. Je veux dire à m'en couper le souffle.
Écoute ! »
Ce que j’ai moins aimé :
- Alors j’ai écouté, j’ai essayé d’être charmée, mais le charme a ceci de particulier qu’il ne se construit pas, il s’impose. Et pour cette lecture l’ennui s’est davantage imposé qu’un quelconque charme. Est-ce dû au sort de l’héroïne murée dans son château et qui ne voyage que par l’esprit ? Ou à cette époque pour laquelle j’ai peu d’accointances ? Je n'ai pas retrouvé l'entrain et la magie ressentie à la lecture de Coeur cousu.
Premières phrases :
« On gagne le château des Murmures par le nord.
Il faut connaître le pays pour s’engager dans le chemin qui perce la forêt épaisse depuis le pré de la Dame Verte. Cette plaie entre les arbres, des générations d’hommes l’ont entretenue comme feu, coupant les branches à mesure qu’elles repoussaient, luttant sans cesse pour empêcher que la masse des bois ne se refermât. »
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Du même auteur : Le cœur cousu de Carole MARTINEZ
Autre : Les piliers de la terre de Ken FOLLETT