Carte postale mexicaine #4

Et bien nous voilà arrivés dans la région du Chiapas (après 14h de bus). Les paysages montagneux sont magnifiques, les petits villages dégagent une extrême sérénité et la végétation est luxuriante. Un cadre idyllique donc! Aujourd'hui avec le cher et tendre nous avons descendu en bateau le canyon del Sumidero et c'était une promenade d'une beauté infinie. A un moment donné, nous étions au milieu d'une faille de 1000 mètres de hauteur, de quoi se sentir bien petits face à l'immensité de la nature. Nous avons également pu admirer des crocodiles et des singes. Personnellement, ceux que j'avais vus n'étaient jamais en pleine nature!

Nous dormons dans une ville très cosmopolite : San Cristobal de Las Casas. On y rencontre de nombreux voyageurs, routards, anthropologues et ethnologues (il y a une association dans cette ville qui s'occupe de leur accueil), habitants et Indiens des villages voisins qui viennent sur les marchés.

La situation du Chiapas est très complexe car les Indiens constituent plus d'un quart de la population mais ces communautés vivent en marge de la société mexicaine puisque la constitution ne reconnait pas l'existence des Indiens! On peut d'ailleur noter que seulement la langue espagnole est reconnue comme langue officielle alors qu'il y a plus d'une soixantaine de langues indiennes qui sont parlées sur le territoire et qui ne bénéficient d'aucun statut. De plus, les populations indigènes n'ont que très peu accès à l'éducation et à la santé (80% des enfants souffrent de malnutrition, le tiers des enfants n'est pas scolarisé).

Une situation extrêmement difficile qui a été mise au jour en 1994 avec la révolte conduite par Marcos. Néanmoins, bien que rien ne soit encore réglé, le mouvement tend à s'essouffler même si on voit de temps en temps des stands ou des panneaux visant à protester contre les agissements du gouvernement, le vol de certaines terres, la reconnaissance des communautés indigènes, etc. Les Indiens vivent et subissent le tourisme ce qui crée une situation très ambivalente et du coup, dans certains villages, tout semble un peu factice. De plus, l'artisanat indien est confronté lui aussi au made in china!

Difficile alors de ne pas s'interroger sur notre statut de touristes! Ne sachant pas trop que faire pour soutenir les communautés, nous achetons nos souvenirs uniquement dans des coopératives car nous sommes ainsi à peu près sûrs d'acheter un produit artisanal et que l'argent reviendra bien à la population locale. Je pense que dans ce cas-là, cela vaut le coup d'essayer de consommer des produits locaux bien que cela soit une très très maigre contribution...

Je vous laisse à nouveau avec quelques photos choisies :

1. Stand de protestations 2. Cathédral de San Cristobal 3. Petite fille sur le marché 4. Un stand du marché 5. Rue de San Cristobal 6. Cireur de chaussures (il y en a de partout au Mexique) 7. Coucher de soleil 8. Le canyon 8. Crocodile se faisant griller au soleil