Vous allez dire que je me répète et vous avez raison. J'ai effectivement soutenu ce propos dans les mois qui ont suivi le 12 janvier, mais ça fait longtemps que je l’ai fait, donc, j’ai le droit de l’écrire à nouveau. Étienne Côté-Paluck a déboulonné quatre mythes dans La Presse d’hier (je vous ai fait le lien dans mon dernier billet) et je vais m’apprêter à en déboulonner un cinquième : Il ne faut pas plus d’argent pour reconstruire Haïti. Mais davantage de nouvelles idées. Sur les 10 milliards promis par la communauté internationale dans les mois qui ont suivi le tremblement de terre, Haïti n’aurait reçu que 50% de la communauté internationale (et même moins, les chiffres varient sur cette question). Ce n’est pas grave, pour le moment, il ne faut pas plus d’argent !!! En premier lieu parce que le gouvernement haïtien ne sait pas encore quoi en faire et ce n'est pas les poches davantage pleines qu'on règlera ce problème de fond. Et deuxièmement, parce que l’argent versé ne sert pas vraiment l’économie haïtienne. Une réalité du fonctionnement de l’aide au développement est bien illustrée dans l’article du journal Le Monde cité dans mon dernier billet : On peut y lire que 1% de l’argent que USAID investi dans le pays (l’équivalent américain de notre ACDI canadienne) se transforme en contrat pour des entreprises haïtiennes. Je ne veux pas ici frapper de manière spécifique sur les américains (ils sont déjà quelques centaines de millions à le faire les yeux fermés) ou encore sur les méchants impérialistes (ils sont déjà quelques centaines de millions … ), mais uniquement rappeler que le fonctionnement des agences nationales, des organisations internationales et des grandes ONG peut ne pas profiter au développement économique du pays, ou du moins ne pas vraiment être structurant au plan d’une économie nationale. Donc, si les gens disent dans les prochains jours qu’Haïti n’est pas encore sorti des décombres et des campings forcés parce que la méchante communauté internationale n’a investi que 50% de ce qu’elle avait annoncé, dites leur que c’est faux. Qu’il ne nous faut pas encore plus d’argent, mais bien davantage des idées…