Equipe de France : Lièvremont n’aurait pas fait mieux.

Publié le 08 janvier 2012 par Lben

Chronique du 6 janvier 2012.

Philippe St André a livré son premier groupe des 30 et on a l’impression de voir la patte Lièvremont dans ses choix de joueurs. Explications…

Condamné par la finale :

La spectaculaire prestation des joueurs de l’équipe de France en finale de la Coupe du Monde reste dans les esprits, c’est normal, et Philippe St André ne peut pas, décemment, se passer des joueurs qui ont réalisé une prestation presque parfaite. Néanmoins, il oublie bien Lionel Nallet, un des meilleurs joueurs français à partir des quarts de finale, mais j’y reviendrai. D’autre part, Philippe St André démarre un nouveau cycle avec 3 jours de stages et 5 jours de préparation, ce qui, à ses dires, lui laisse peu de temps pour mettre en place une équipe compétitive. A l’échelle de l’équipe de France, pourtant, 2 rendez-vous distincts pour préparer un seul match, c’est plutôt un luxe d’autant que le Tournoi commence, cette année, par une montée en puissance progressive avec l’Italie puis l’Irlande au Stade de France.

Philippe St André veut assurer avec des victoires lors de sa première compétition. C’est normal. Pas question, en début de mandature, de risquer d’écorner son image. C’est là, effectivement, une grande différence avec Marc Lièvremont qui avait eu, alors, la liberté de repartir sur les cendres de Bernard Laporte avec une feuille de route où il fallait tout reconstruire. Le nouveau manager français est, lui, d’une part limité dans ses choix par la performance du 23 octobre et, surtout, en homme d’expérience, il sait que sa tranquilité tient à son taux de victoires. Du coup, il n’est pas évident du tout que l’équipe de France montre des choses nouvelles lors des 2 prochaines années…

Pourquoi Nallet et pas Bonnaire ?

C’est une question intéressante, car la différence d’âge est si faible entre ces deux plus que trentenaire, qu’il parait illogique d’avoir 2 poids et 2 mesures en ce qui concerne leur traitement. C’est d’ailleurs d’autant plus surprenant qu’il n’y a pas, actuellement, un grand choix de 2nde lignes alors qu’il y a pléthore de très bons 3ème lignes français. La raison s’explique de 2 façons complémentaires : la 1ère est l’obsession de victoires du nouveau sélectionneur qui, avec un fond d’alignement Bonnaire – Harinordoquy, se donne toutes les chances de dominer n’importe quel adversaire à ce niveau-là et de prendre une option importante sur la victoire. La 2nde raison s’appelle Yohan Maestri. En lançant ce grand espoir dans le bain, Philippe St André fait d’une pierre deux coups : il continue de renforcer son alignement de manière à se garantir la meilleure performance sportive immédiatement et il donne l’impression d’ouvrir la sélection à de nouveaux joueurs. Du coup, difficile de demander à Lionel Nallet de venir faire banquette derrière une paire Maestri – Papé qui parait être celle, au moins, du début du Tournoi.

Manager ambitieux ou frileux ?

Vouloir gagner à tout prix est un voeu pieu pour un entraîneur, mais dans un sport où il n’existe qu’une seule véritable compétition, la Coupe du Monde, il faut aussi avoir l vision du futur. 4 ans pour préparer l’équipe de la Coupe du Monde, c’est peut-être beaucoup voire un peu trop, mais 4 ans pour préparer un joueur à être compétitif, c’est un temps nécessaire et utile. Même s’il est difficile d’être sûr aujourd’hui qu’un jeune joueur fera encore parti de l’équipe de France dans 4 ans, il faut être capable de miser sur certains en espérant qu’ils seront des titulaires, voir des cadres de l’équipe, à ce moment-là. La question de savoir si Philippe St André est un entraîneur frileux ou ambitieux ne peut se résumer à la question : est-ce que Yohann Mestri sera titulaire le 4 février prochain ou pas ? Parce que, sinon, la réponse paraîtra évidente…

Titulariser Yohann Maestri, ce n’est pas vraiment prendre un risque, vu le profil physique du joueur et le club dans lequel il évolue. C’est d’ailleurs, même, inquiétant de devoir se poser cette question au vu d’un joueur qui, à mon avis, aurait déjà dû partir en Nouvelle-Zélande en 2011. Il ne faudrait quand même pas que la seule dose d’innovation en équipe de France ait été dans le choix des entraîneurs adjoints, Yannick Bru et Patrice Lagisquet.

Aider les joueurs de demain :

La fédération se plaint que les clubs ne privilégient pas suffisamment les joueurs français. Mais on peut leur retourner le compliment. si l’on regarde les effectifs des équipes de Top14, on se rend compte qu’il existe un certain nombre de joueurs dont le potentiel en fait des prétendants possibles à l’équipe de France version 2015 : Machenaud, Slimani, Flanquart, Doumeyrou, Geli, Combezou, Bezy, Nicolas, Fakate ou Bardy en plus des Doussain, Burban, Lauret, Domingo, Tillous-Borde, Bastareaud, Fall ou Lakafia qui ont déjà fait des passages plus ou moins courts en équipe de France. Quel est la stratégie à long terme de la fédération et du manager de l’équipe de France à leur sujet ? Quel est le fil conducteur entre les moins de 19, identifiés à haut potentiel et qui passent 1 an à Marcoussis, et l’équipe de France ? Il n’y en a pas d’autres que le  » débrouille-toi »  dans ton club et c’est dommage.

Philippe St André a pour mission d’amener l’équipe de France a la Coupe du Monde 2015 comme un potentiel vainqueur de la compétition. Il a 4 ans devant lui pour le faire et il a besoin, c’est certain, de crédibilité, donc de victoire, pour installer son message auprès des joueurs. Il est donc important de commencer dès à présent par réussir un bon Tournoi 2012 et il est évident que c’est les joueurs finalistes de la Coupe du Monde 2011 qui sont les plus à même de lui amener rapidement un niveau de performance satisfaisant. Néanmoins la constitution de son 1er groupe de 30 joueurs laisse planer quelques doutes sur la capacité à dépasser le seul présent et à être capable de se projeter sur l’avenir. Wensley Fofana et Yohan Maestri, c’est bien, mais c’est quand même insuffisant pour regarder au-delà du seul mois de mars. Et ce d’autant plus que les 15 qui démarreront face à l’Italie seront, pour 12 au moins, des joueurs présents en Nouvelle-Zélande ( Maestri et Beauxis semblent être les 2 seules alternatives envisagées ). Et même si la finale fut magnifique, il ne faut pas oublier tous les problèmes récurrents rencontrés par cette équipe précédemment : charnière, animation offensive, cohérence dans la conduite du jeu…

Souhaitons donc à Philippe St André de ne récupérer que le meilleur de ces joueurs et, surtout, à ceux-ci de ne pas connaître de passage à vide physique au plus mauvais moment pour leur nouveau manager…

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