Magazine Journal intime

Cassandre

Par Thywanek
Cassandre
Ce jour-là dans un monde aux mœurs habituelles,
Limites jetant hors l’existence commune,
Une blancheur démente, éclatante et cruelle,
Ecartait vaste et froide toute âme importune.
Son insensible enclave d’un feu irradiant
S’étendit jusqu’à perte de vue et de vie,
Et d’une atroce absence le règne poignant
Jusqu’à tous horizons connus se répandit.
Ce n’était d’aucun dieu ni d’aucune nature
Le caprice douteux ni la loi surprenante.
Non plus d’une folie la fatale doublure.
Il s’en vit peu à peu la preuve menaçante.
Lors que se dérobaient les voilages glacials
Dont semblait être de nulle part aérien
Née cette aire atrophiée de tout fluide vital,
En son centre apparut comme un rocher crânien.
Môle dodelinant aux faces décavées,
Vanité de couloirs et de chambres poreuses,
Monument rigolard au passé dépravé,
Statue contemplative d’une saison creuse.
Dans un parfum d’alcool dénué de tout fruit,
Et l’éprouvante idée qu’il y eut du silence
Avant toute légende et qu’il fut tout détruit,
Flotte la pauvre ruine d’une délivrance.
Indolente banquise qu’un film anthracite,
Peau latente d’un corps qui n’a jamais été,
Couvre d’un vain témoin aux rumeurs d’aconit,
D’un révélant exsangue d’allants avortés.
Il se sent au-dedans, déchets de grondements,
De ces remords qui vibrent d’un grade novice,
Et de ces cauchemars aux chatoyants tourments
Qu’un bâillon rouge empêche d’hurler leur supplice.
Il se devine un peuple de gisants hagards
Contraints au vœu barbare de murer leur cœur,
De museler leurs pleurs et sous un traître fard
D’imiter la sagesse pour teindre la peur.
Dans ce berceau immense où l’être nu s’isole,
Exilé souverain aux parures de cendre,
Toujours l’os retentit d’une muette idole,
Et sa paroi doit taire le sort de Cassandre.
Et dans son flux floral absurde épanoui,
Etalé brusquement au milieu fou des songes,
Une once insaisissable, vision inouïe,
S’éteint comme un fossile perclus de mensonges.
Tant l’éclair fut brutal ainsi que vit le vrai,
Sa fulgurante proie de même se dissipe,
Où va se fracasser sans bruit dans le secret
Que la force mourante sans cesse anticipe.
Vas, dors puissance inerte aux arts irrésolus,
Dans ton autel rocheux aux veines pétrifiées.
Tu n’es encore à nul jusqu’ici dévolue.
Ta cruauté n’est rien qu’on ne peut mystifier.
Ce jour-là dans le monde aux légendes dormantes
Il se fera que l’un, pointé d’un lourd présage,
Parmi nous foudroyé d’une blancheur démente
Alors succombera d’un merveilleux ravage.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Thywanek 530 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte