Ce blog est, en fait, un bulletin de liaison pour nos anciens clients et nos amis. Il a pour but de continuer, sur une base amicale, à les aider dans la gestion de leurs avoirs, institutionnels (caisses de retraite) ou personnels. A la différence d’une Sicav ou d’ un fonds, nous y justifions par avance nos décisions stratégiques (plutôt le long terme) et tactiques (saisir les bonnes occasions s’il s’ en présente). Ses analyses politiques s’ inscrivent dans cette problématique: comment protéger nos avoirs dans un monde dangereux, et mieux encore, comment les faire prospérer? La politique en soi n’ est donc pas notre propos. Seulement ses conséquences sur nos placements.
Trois contraintes lourdes pour 2012:
La première: la crise financière mondiale s’ aggrave. La rémission est encore loin. Les marchés interbancaires d’ Europe demeurent fermés et les banques semblent tricardes dans le monde entier. La BCE est la seule présente pour assurer la contrepartie, avec des accords avec la Fed pour leur procurer des $. De grands noms sont en péril et chacun attend l’ annonce d’ une catastrophe chaque vendredi soir. La situation des banques chinoises fait l’ objet d’interrogations, et celle des banques US ne vaut guère mieux. Le fait d’ avoir prévu (mais pas publié) à Bâle une liste des banques TBTF (too big to fail) ne rassure pas, au contraire. Car les gouvernements n’ ont plus les moyens de les renflouer. De plus il y a clairement une lutte entre le $ et l’ € . Leur parité est un énorme problème pour tous, qui n’ a pas de bonne solution en ce moment. Si l’ € baisse trop, l’ industrie US souffre et aurait intérêt à le soutenir. Mais s’ il est solide, c’ est la suprématie du $ comme monnaie de réserve ultime qui est en cause. Enfin aux USA, Wall Street et le complexe militaro-industriel ont encore le champ libre pour refuser toute réforme monétaire jusqu’ en Novembre.
La deuxième: la crise économique dans le monde Atlantique n’ est pas terminée. Parce que elle n’ a pas encore produit tous ses effets. Ils ont été retardés par l’ interventionnisme des dirigeants politiques en mal d’ élection/réélection. Le soutien à la consommation aux dépens des investissements permet de gagner du temps en termes électoraux; pas en termes d’ efficacité. La destruction créatrice est retardée, voir le feuilleton Sea France. Mais les lois de la nature s’ appliquent quand même, les effets des potions magiques ( à base de QE et autres subventions) auront des effets aggravants. Et socialement explosifs ? Les consommateurs ne songent qu’ à rembourser leurs dettes; les Etats aussi. Le retour à des taux d’ épargne normaux pour le secteur privé et pour les Etats n ‘est pas encore en vue. C’est pourtant lui qui, comme toujours, signera le début de la reprise économique. Il y faut du temps.
Accessoirement, la France devient un mauvais risque politique. Parce qu’il ne semble pas que le challenger du Président sortant et ses soutiens aient compris la situation; leur culture reste encore celle des années 1980: Etat providence et « tax and spend », à quoi s’ ajoute leur difficulté traditionnelle à comprendre les techniques de l’ industrie et de l’ économie modernes, et les enjeux de leur (et notre) temps. Comme lors qu’ ils refusaient la motorisation de l’ armée en 1938 ou une politique du logement en 1956, leur attitude sur l’ énergie nucléaire est caractéristique. Autant que sur la fiscalité des coûts du travail; ou sur l’ endettement. Donc jusqu’ en Avril prochain, baisse du rating du « Standort Frankreich ». Déjà commencée pour Areva, EdF et leurs soustraitants. (L’expression allemande n’ a pas de parfaite traduction en français ni en anglais, on peut dire: le site de production français; par opposition aux délocalisations).
La troisième: L’ analyse technique des marchés confirme ces observations. Elle annonce un retour du CAC sur 2400. Pour la 4ème fois depuis 2009. Donc cette fois, ce plancher risquerait d’être cassé jusqu’ à 1500 dans une panique si un cygne noir survient. Nous l’ avons déjà annoncé dans ce blog (relisez ce titre). Les autres marchés sont à peine mieux disposés. Ce chiffre serait d’ ailleurs une formidable occasion d’achat d’ actions bradées car la France ne peut pas sortir de l’ ensemble Europe/Atlantique et devra s’ adapter, comme elle l’ a fait en 1984 après des nationalisations et dévaluations surprenantes en fin du XXème siècle…. Après la pluie vient le beau temps. Mais il ne faut pas l’ anticiper à ce jour.
Trois bonnes raisons de conserver la plus grande prudence. Même les entreprises à gros rendement garanti sont vulnérables en France: une nouvelle fiscalité peut anéantir leur formation de FCF et surtaxer leurs dividendes; donc renchérir le coût de leur financement. Et si la guerre éclate (dans l’ océan indien ?), rappelons-nous que Wall Street a chuté de 1939 à 1943, puis avec la guerre du Viet Nam.
Que reste-t-il pour placer son argent ?
Les obligations privées valent déjà mieux que la plupart des bons des trésors. Mais l’ inflation devrait démarrer dès qu’ une reprise de l’ emploi sera signalée. Nous n’ aurons pas le temps d’ en sortir avant le krach obligataire inévitable en raison des très faibles rendements actuels. Parier sur le meilleur rendement (5 à 7% à moins de 7 ans) de certains PIIGS est peut-être une bonne idée ? Mais c’est un pari sur l’ unité européenne et sur le courage du personnel politique…. En ce moment, les banques françaises font les pieds au mur pour éviter un hair cut supplémentaire sur les emprunts grecs. Les américains ne vont pas les y aider et pourtant l’ activation des CDS remettrait AIG et les banques US qui les ont fabriqués en péril. La situation demeure confuse. S’abstenir, ce que font les banques: elles replaçent leurs liquidités à la BCE chaque fin de semaine plutôt que de se refinancer mutuellement.
Les actions ? beaucoup sont déjà à des PER de panique, entre 5 et 8. Ce sont des chiffres qui caractérisent les creux boursiers. Mais le marché craint que leurs bénéfices ne soient affectés par la crise qu’ ils croient mondiale. A tort. Nos amis connaissent la liste de nos préférences. Dans le cas d’une inflation soudaine et forte, leurs actifs se réévalueront. En 1939, c’ était le pari à prendre, tout comme en 1914. Et en attendant, elles prospèrent sur les zones de développement que sont l’ Asie, l’ Afrique et l’ Amérique du sud. En fait la crise économique est loin d’ être mondiale: nos constructeurs d’ autos, L ‘Oréal, Faurecia, Michelin, ou Nestlé ou Siemens ou LVMH font déjà la majeure partie de leur chiffre d’ affaires sur ces régions en croissance. Le vrai risque est une dépression en Asie. On n’ y est pas, même si on passait de 9%/an à seulement 5% (chiffre français de la période De Gaulle-Pompidou).
L’ or présente actuellement une analyse graphique négative. Une consolidation de sa hausse depuis 2003 est en cours. Elle peut le ramener vers 1300$/once. Et en cas de pénurie de liquidités, beaucoup plus bas. Car les spéculateurs acculés par des appels de marge, vendront tout ce qu’ ils peuvent, y compris leur Porsche… comme dans tous les krachs. Ce serait alors une bonne occasion d’ achat. Car il est manifeste que la diplomatie US n’ a pas réussi à en faire une relique barbare et qu’ il restera au centre du futur système monétaire international, quand il sera possible de l’ acter comme à Bretton Woods. Aux dépens de l’ Europe, sans doute.
De l’ immobilier en vue de le louer? Oui, mais avec un crédit remboursé par ses loyers après fiscalité. Si l’ inflation démarre, les échéances (à taux fixe bien sur), seront remboursées en timbres poste comme disaient les vendeurs d’immobilier dans les années 50 où le franc était une monnaie de singe et les taux artificiellement bas; puis à nouveau en 1984 après la baisse des taux suite au courage de Mr. Volcker ! Notez la même configuration politique en France à ces deux moments; va-t-elle se reproduire? Là encore, l’ expérience historique est parlante. Attendre pour acheter, mais pas pour vendre, car en période de crise, les acheteurs peuvent se faire rares. Comme en 1981 où tout était bradé.
Une conclusion: il y aura de bonnes occasions dans les prochains mois pour acheter sur une panique.
Dans le doute, une règle de base : en période de crise, cash is king.