Après l’excellent XXX, Danny Brown revient avec un nouvel EP assez expérimental, produit entièrement par le talentueux jeune producteur Black Milk. Ça ne prétend pas avoir un fond aussi profond que sa dernière mixtape, mais il s’agit presque d’un exercice de style. Chronique.
Quand on prend deux artistes très talentueux, et qu’on les met ensemble, on sait jamais à quoi s’attendre. Ici, on pourrait comparer cet EP à Watch The Throne, dans la mesure où c’est un peu une exposition de son talent, sans aucune prétention ou portée particulièrement artistique. Black & Brown n’a pas le côté personnel et totalement idiosyncrasique de XXX, il n’a aucune vraie raison d’être en fait. En 22 minutes, on a une sorte de medley de sons quelconques des deux artistes… Quelques instrus qui dépassent rarement 1 minute 30, des chansons qui atteignent difficilement 2 minutes. L’EP s’ouvre sur Sound Check, qui est un de ces sons qu’on écoutera jamais hors contexte, juste comme ça, et qu’on mettra en repeat pendant 30 minutes. C’est ce genre de sons qui sert juste à dire Yo, je sais produire, alors je vais vous sortir plein de trucs excellents compilés en 1 minute. Et c’est ça sur beaucoup d’autres sons, comme WTF.
Ça ne veut en aucun cas dire que c’est mauvais, on voit que Black Milk maîtrise la production et qu’il est un descendant dont J Dilla serait fier, au paradis des rappeurs. Oui, on sent énormément l’influence du légendaire producteur de Detroit, ville des deux artistes de l’EP qui ont déjà collaboré avec ce dernier. Ainsi, Black Milk utilise les mêmes méthodes, on retrouve le même scratch, les distorsions et les boucles soul comme sur l’excellent LOL ou Zap, highlight principal de l’album. Milk samplera même directement Jay Dee dans certains sons, avec le mythique “D-d-d-dooonuts” ou le “Wha-wha-whaaat” qu’utilisaient tellement Dilla. Et on appréciera énormément cette finesse qui montre le talent de Black Milk.
Danny Brown, lui aussi, est comme toujours aussi énergique et rappe toujours d’une manière aussi viscérale. Mais on l’entend trop peu… et on n’apprécie pas autant, le fond de ses lyrics étant moins profond, arrogant et déjanté. Mais on appréciera la majorité des sons qui ne sont pas de simples sons d’1 min 30, c’est à dire… à peu près 4 ou 5 sons. Son flow atteint son apogée sur LOL, Black & Brown ou sur Zap. Il a toujours cette maîtrise de ses “deux” tons, de l’aigu au grave, bien qu’il s’en sert moins qu’avant. Enfin bon, on retrouve toujours le même personnage fascinant, avec les mêmes thèmes, drogue, sexe, etc. et surtout avec le même flow époustouflant.
C’est indéniable : Ces deux artistes sont très talentueux. La production de Black Milk est digne des classiques, et le flow de Danny Brown est ce qui se fait de mieux actuellement. Mais cet EP n’est là que pour garder la forme… Beaucoup trop de sons sont tout simplement inutiles, trop courts, ou sans aucune portée. C’est ce manque de cohérence qui rend le talent des deux artistes un peu à côté de la plaque. On écoutera beaucoup deux ou trois chansons, on abandonnera totalement le reste qui n’a pas beaucoup de musicalité. Cependant, il ne faut pas oublier qu’on sent totalement le talent des deux compères, et que les sons “véritables” sont quand même très bons. Peu abouti en somme, mais louable pour sa preuve de talent.
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