Pas tout à fait la pantalonnade américaine à laquelle on pouvait s'attendre, Cours toujours Dennis ressemble davantage aux comédies sociales dont les britanniques sont les spécialistes, et en particulier The full monty : pour garder la face auprès d'un fils qu'il voit peu et tenter si possible de reconquérir son ex-femme, un loser fauché se lance un pari complètement stupide. Si Robert Carlyle et sa bande s'étaient mis en tête de devenir chippendales, il s'agit ici de se préparer pour le marathon en trois semaines lorsqu'on a pour seules passions la clope et la bière. Les deux films ont les mêmes caractéristiques : très drôles par instants, ils vous donneraient presque le bourdon s'il n'y avait cette distribution énergique et irrésistible. Avec moins de matière à défendre que dans les films d'Edgar Wright, Simon Pegg montre son aisance totale dans tous les registres. Hank Azaria campe un joli connard comme on aime à les détester. Quant à Dylan Moran, la révélation du film, il est la parfaite incarnation de l'ami souvent consternant mais dont on ne peut se passer.
La bonne nouvelle, c'est que le scénario nous épargne la construction ternaire « doutes / montée en puissance / épreuve finale » inhérente au genre, pour pratiquer allègrement l'art de la digression et nous mener vers un final aussi incongru que fédérateur. Le tout efficacement filmé par David Schwimmer, qui vient de passer sans encombre sa première étoile de réalisateur et peut désormais songer à enclencher la vitesse supérieure.
6/10