Unité de lieu, unité de temps, unité d’action : les règles du théâtre classique. Ici c’est la nuit, la pluie, la fatigue, les bas-fonds de Paris. Sans regard complaisant, rien que des faits, crus parfois, comme le langage, minables souvent, comme la mort par overdose d’un caniche, sombres toujours comme la trahison d’un ami ou le double jeu d’un avocat flingué devant le domicile de sa maîtresse.
Qui trompe qui, qui trahit qui, qui n’est pas celui ou celle que l’on croit ?
La police mondaine n’a pas pour objectif premier d’empêcher le crime, mais de recueillir des renseignements. Sur ceux, souvent d'éminents personnages, qui hantent la nuit dans les bars à partouzes, qui consomment et/ou dealent de la drogue, ou qui vivent de commissions en tout genre : les taxis qui « orientent » leurs clients vers des bars où des hôtesses leur feront consommer force bouteilles de Champagne facturées au prix fort, les tenanciers de bars qui sont tous des indicateurs et des employeurs au black. La solution est dans l’échange : je passe sur un délit si tu me donnes un renseignement, je te protège et tu m’informes. Et, de temps en temps, le flic dérape … C’est d’une brulante actualité.
Voilà un film noir, pluvieux, vrai, bien filmé, tendu, qui prend aux tripes. Paris la nuit, dans un itinéraire hâché mais tout à fait réel, la tournée des boîtes par le commandant Simon Weiss, que tout le monde connait. Son problème, c’est son amitié avec Tony Garcia, propriétaire de dix boîtes de nuit, son copain d’enfance, le parrain de son fils … Ils ont en effet commencé ensemble, et Simon (remarquable Roschdy Zem, un de nos meilleurs acteurs du moment, toujours juste, et au regard carressant ....) se fera piéger par Tony (non moins excellent Samuel Le Bihan), acculé pour survivre dans ce monde de brutes. La co-équipière du policier, incarnée par la jeune Sara Forestier, nous laisse pantois.
Pas de références aux séries américaines, pour une fois, mais une trame qui ferait une excellente série à la française ….