C'est la foire commerciale à Saint-Pierre. Il y a des canettes partout sur la chaussée, et la ville est parfumée des sacs-poubelle qui font dévier le piéton sur les trottoirs étroits. Dans les stands, livrés au vent et au soleil ardent de janvier, d'improbables commerçants proposent des lunettes de soleil made in China à 10 euros pièce, et d'étonnants tifos de clubs inconnus de Lituanie ou d'Ecosse.
Des touristes en savate deux-doigts et des jeunes femmes voilées déambulent dans ce souk, croisant des jeunes privés de leur bagnole, mais remplaçant avantageusement leur sono par un I-Pod permettant à chacun des passants d'apprécier les basses et l'inanité d'étranges musiciens, n'ayant jamais croisé de leurs doigts une corde de guitare.
Le muezzin chante la prière. Une mère engueule sa môme.
Ainsi va la vie. Pendant ce temps, les automobilistes pestent contre les embouteillages. Les piétons contre le bruit. Et les handicapés contre ça, et tout le reste.
La crise, dans tout ce grand Barnum, est absente. Des samoussas huileux, des gadgets chinois, et des clowns prétentieux nous font croire que tout va bien. Dans le meilleur des mondes.
François GILLET