Ce matin, telle une convalescente appreciant le pale soleil d'hiver d'un sanatorium de tres basse altitude et de pollution garantie, les yeux rives sur les chaussures pour savoir ou les poser apres l'enorme orage de la nuit derniere, transformant en ornieres boueuses et crottees les rues poussiereuses de mon quartier, je flane a l'allure d'un escargot paresseux. J'ai enfin le temps d'arpenter lentement le devant des boutiques, de me faire accoster par le cireur de chaussures qui me raconte qu'il vient de Jaipur et qu'il habite chez sa soeur nouvellement mariee, et de regarder toutes les petites boutiques qui preparent de la nourriture pour les gens qui mangent dans la rue dans la journee. Il y a le marchand de nouilles chowmein qui les touillent vigoureusement avant de les mettre avec quelques oignons et epices dans sa grosse poele, a 10 roupies la portion qui vous cale l'estomac quelques heures. Plus loin le marchand de jalebis tortille son pochon de pate, dessinant de belles arabesques dans l'huile brulante de sa poele, puis il les retourne habilement et les jette ensuite dans un melange d'eau et de sucre parfume a l'eau de rose pour les ressortir moelleux et oranges sur sa grille, a deguster froids ou chauds. L'eplucheur d'aulx est assis a cote du gros bidon-four qui permet de faire des nans, galettes de farine croustillantes qui a la sortie du four sont badigeonnes de ghee, beurre clarifie, avec un vieux chiffon graisseux et qui vont rejoindre d'un lancement de poignet le plateau ou trone deja les legumes et les lentilles.
Et puis tout autour, les fabriquants de meubles, les petites epiceries, les marchands d'epices, les charrettes pleines de fruits...
Suite bientot avec les photos...