Violence à l’égard des enfants 13 000 plaintes enregistrées en 18 mois
Le réseau NADA pour la défense des droits de l’enfant a pris en charge 700 cas, dont 103 d’agression sexuelle. Les enfants de moins de cinq ans sont les plus exposés aux abus sexuels.
La violence contre les enfants ne cesse de prendre de l’ampleur ces dernières années. Le réseau NADA, spécialisé dans la défense des droits de l’enfant, a enregistré quelque 13 plaintes en 18 mois. Selon Abderrahmane Araâr, président du réseau, «les cellules d’écoute et d’orientation du numéro vert (30 33) mis à la disposition du public ont reçu, durant la période allant de juin 2010 à décembre 2011, quelque 13 000 appels portant plainte pour différentes formes de violences faites aux enfants dans 15 wilayas».
S’exprimant lors d’une rencontre d’évaluation sur «Le problème de la violence et les droits de l’enfant en Algérie» à laquelle ont assisté des représentants de différents ministères, de l’Unicef, des services de la Sûreté et de la Gendarmerie nationales, et des représentants de la société civile, M. Araâr a affirmé que le réseau NADA a pris en charge «700 cas, dont 103 d’agression sexuelle». Ce numéro vert, qui semble avoir un franc succès, devra toucher l’ensemble du territoire national à l’horizon 2015. Pour M. Araâr, ce numéro «encouragera» les Algériens à contribuer davantage à la lutte contre ce fléau social et à protéger l’enfant des agressions, notamment celles à caractère sexuel, qui constituent encore un tabou dur à briser.
Agressions sexuelles : la plaie
Le président du réseau NADA ne cache d’ailleurs pas son inquiétude quant à la multiplication de ce type d’agressions contre surtout des enfants de moins de 5 ans. Se référant à une récente évaluation des résultats des actions menées par le réseau NADA sur le terrain en 2011, M. Araâr met en exergue les conclusions de son enquête, selon lesquelles «les agressions sexuelles contre les enfants de moins de 5 ans constituaient une source d’inquiétude pour les citoyens». Sans vouloir être «alarmiste», le président du réseau NADA juge «urgent» d’élaborer une stratégie pour que la violence ne soit pas «un mode de vie». Il souligne dans ce sillage que son réseau «coopérera avec des ONG étrangères pour développer son expérience en la matière».
Présentes à la rencontre, les associations Le Sourire des enfants de Frenda, activant à Tiaret, et Clémence, maternité et enfance abandonnée de la wilaya d’Adrar estiment que «le mur du silence n’a pas été brisé chez certaines familles et victimes d’agressions sexuelles». Le président de l’association Le Sourire des enfants de Frenda, Belhidil Belkhadem, a indiqué que son association avait pris en charge deux cas d’agression sexuelle sur des enfants en 2011, un chiffre qu’elle considère «loin de refléter la réalité au niveau de la wilaya, la majorité des familles refusant de porter plainte contre de telles agressions».
Ce silence s’explique, entre autres, par le poids des traditions qui pèsent sur la société et sur les familles. Il est plus facile de dénoncer une violence à l’égard de l’enfant commis par un étranger que de le faire quand cela se produit au sein même de la cellule familiale. Des progrès ont été, certes, enregistrés, mais le chemin est encore long et parsemé d’embûches…