Le pouvoir a deux solutions soit le changement ou l’affrontement de la révolte populaire
"....Je veux dire que le changement est nécessaire et que le pouvoir devra choisir entre deux solutions, soit répondre à la revendication d’un changement pacifique et consacrer une vraie démocratie en respectant les libertés, ou s’attend à ce que le changement vienne de la rue....."
El Khabar : pensez-vous que le pouvoir a appris la leçon des émeutes du début janvier 2011 ?
Mokrane Ait Larbi : le pouvoir et au lieu de chercher les vraies raisons de ces émeutes et les résoudre positivement selon les règles de la démocratie, il a préféré interpréter autrement les revendications soulevées lors de ces émeutes, comme étant des émeutes de l’huile et du sucre, alors qu’on sait que les gens qui sont sortis dans la rue sont des jeunes qui ne s’intéressent pas aux produits de consommation, qui sont les préoccupations des chefs de familles. Ces jeunes se sont révoltés parce qu’ils voient à travers les moyens de l’information modernes ce qui se passe à travers le monde et sont convaincus qu’ils sont privés de leurs Droits les plus élémentaires. Ces jeunes là sont nés dans une conjoncture qui s’est caractérisée par la violence et le terrorisme. Les émeutes du début de l’année 2011 ne pouvaient pas aboutir à des résultats puisque le pouvoir était complètement à côté des revendications qui ont été soulevées par ces jeunes. Je peux vous assurer, tout en étant responsable de ce que j’avance, que le pouvoir est responsable de ces émeutes et les a provoqués par anticipation, afin de crever l’abcès et éviter l’arrivée du printemps arabe en Algérie. Il a monté des groupes de jeunes sortis dans la rue pour saboter, ensuite, des manifestations pacifiques se sont enclenchées sans toutefois être suivies par le peuple.
El Khabar : êtres-vous partisan de l’approche faisant état que les événements du début 2011 reflétaient la revendication urgente de consacrer la démocratie ?
Mokrane Ait Larbi : le stress généré né suite à ces événements, signifie l’absence de la démocratie et des libertés individuelles et collectives. La manière par laquelle le pouvoir a réagit à ces événements montre que le pouvoir est déterminé à rester au pouvoir par tous les moyens et à n’importe quel prix.
El Khabar : le premier ministre, M. Ahmed Ouyahia a qualifié, avant-hier, ces événements d’ « anarchie », qu’en pensez-vous ?Mokrane Ait Larbi : je pense que l’anarchie se trouve au niveau du pouvoir. Personne ne sait ce qui s’y passe, sinon, comment expliquer l’expiration du mandat de Bessayeh, le président du conseil constitutionnel, depuis le 26 septembre passé, et qu’il maintient toujours son poste ? Comment expliquer, aussi, la fin du mandat des membres du Haut Conseil de la Magistrature, sans qu’on les remplace ? L’anarchie consiste dans ces anomalies. Pour ce qui est des prétentions que l’Algérie a connu le printemps démocratique en 1988, elles ne sont que des parole en l’air visant à satisfaire des militants de partis présidés par ces responsables, alors que la vérité que l’on constate, c’est que ces jeunes qui représentent la majorité, soulèvent des revendications légitimes et n’ont jamais été impliqués ni avec le pouvoir ni avec le terrorisme dans ce qu’a traversé l’Algérie. Je veux dire que le changement est nécessaire et que le pouvoir devra choisir entre deux solutions, soit répondre à la revendication d’un changement pacifique et consacrer une vraie démocratie en respectant les libertés, ou s’attend à ce que le changement vienne de la rue. Pour ce qui est des prochaines élections, je pense que le pouvoir s’arrangera à ce qu’elles soient comme ses précédentes, pour assurer sa pérennité, il est nécessaire pour lui de frauder. Chose qui poussera le peuple à renouer avec les protestations de la rue, et si le peuple renoue avec la rue, cela conduira forcément à la révolution. De ce fait, le pouvoir est appelé à écouter ses opposants et devra œuvrer pour le changement pacifique avant qu’il ne soit trop tard.