Malgré une année catastrophique, la holding Dexia, qui survit avec le soutien des États, a versé à son personnel belge des primes pouvant aller jusqu’à 45.000 euros.
Par Drieu Godefridi
La presse nous informe que les salariés de Dexia — la holding, à ne pas confondre avec la banque — vont percevoir, pour 2011, des primes allant jusqu’à 45.000 euros brut, qui viennent s’ajouter à leurs émoluments ordinaires.
Précisons qu’il s’agit bien de la holding, c’est-à-dire la bad bank ou structure de défaisance, c’est-à-dire la structure dans laquelle on a parqué les actifs toxiques de ce qui était, autrefois, l’empire Dexia. Ainsi a-t-on pu constituer, par ailleurs, de petites structures viables (telle que la nouvelle banque belge Dexia, qui n’a rien à voir avec la présente affaire).
Alors que certains s’émeuvent du versement de ces primes pour une année 2011 qui, dans le cas de Dexia, n’aura pas réellement été placée sous le sceau du succès, puisque la holding n’échappe à la faillite immédiate que par la grâce de la garantie des États belge, français et luxembourgeois, on nous explique que ces primes ne sont pas versées avec de l’argent public — puisque la garantie étatique n’a évidemment pas été « versée » à la holding ! — mais bien avec l’argent de l’entreprise ; qu’il n’y a donc pas lieu de s’en émouvoir.
Cet argument est un sophisme. Par définition, le bilan d’une bad bank n’est pas équilibré et, lorsque l’on aura terminé d’en vendre les actifs, il restera immanquablement un trou financier que les États, en vertu de leur garantie, devront combler. Si l’on regarde les exemples du passé, par exemple le Crédit lyonnais, et compte tenu de la nature des actifs de la bad bank en cause, l’ardoise finale pour les contribuables sera très vraisemblablement de plusieurs milliards d’euros.
En vertu de quoi, il faut comprendre que chacun des centimes aujourd’hui versés aux cadres et employés du holding Dexia sous la forme de primes, l’est avec l’argent des contribuables.