Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d'hystérie, est soignée par le psychanalyste Carl Jung. Elle devient bientôt sa maîtresse en même temps que sa patiente. Leur relation est révélée lorsque Sabina rentre en contact avec Sigmund Freud...
A dangerous method (2011 ; 1h39) film britannique, allemand, canadien et suisse, réalisé par David Cronenberg avec Keira Knightley, Vigo Mortensen, Michael Fassbender…
Aujourd'hui, la psychologie et la psychanalyse font partie de notre quotidien si on peut

Dans ce qui ressemble à un monastère, un docteur s'évertue à soigner ses patient(e)s, en parlant. Dans des entretiens fleuves, il recense, analyse, recense, analyse... jusqu'à ce qu'un lien de confiance suffisamment fort se créée et découle sur une « autoguérison ». Bien sûr, ce ne sont pas des maladies physiques. L' « âme », la personnalité profonde des individus, semblent être la source de leurs maux. Et que dire de cette nouvelle pensionnaire, Sabina Spielrein, manifestement tiraillée atrocement ? Jung la prendra sous son aile. Marié, il semble souffrir lui même mais semble aussi s'en accommoder. Avouons-le, la méthode ne semble pas marcher sur lui. Heureusement, cette patiente représente une opportunité immense : celle de questionner ou, au moins, de se poser en collègue légitime de son mentor. J'ai nommé Freud, que la postérité retiendra surtout. Rapidement, cette patiente prendra une prise plus sérieuse sur le jeune aspirant. Les deux nourrissent alors une relation fusionnelle et passionnelle. Or, bientôt, et contre (presque) toute attente, la jeune femme deviendra leur égal. Empiétant sur un territoire que les hommes ont largement colonisé : la connaissance profonde (ou soi-disant) et scientifique de l'autre.
Dans A dangerous method, Cronenberg livre un film honorable. Esthétiquement réussi, la psychologie des personnages est bien développée. Et c'est peu dire que c'était presque un pré-requis. Freud apparaît bien ambitieux et peu enclin à questionner ses propres certitudes. Jung, en disciple ambitieux, est tiraillé entre ce qu'il interprète comme des pulsions vicieuses et son « devoir » de chef de famille, entre la soumission à un maître prestigieux et l'envie de s'émanciper. Bref, le duo s'affronte sur des territoires bien différents mais aucun ne semble réellement l'emporter sur le moment. Le troisième larron, Sabina Spielrein, incarné par une étonnante Keira Knightley vaut le détour tant elle sème la zizanie. Mais, plus qu'élément perturbateur, elle est aussi une pièce du puzzle à part entière. La grande force de Cronenberg, c'est aussi de donner une vraie place aux personnages dits secondaires. Il n'y a pas de gaspillage. Chaque scène, chaque protagoniste, fait partie d'un puzzle où chaque pièce est nécessaire. Ainsi, malgré qu'une certaine familiarité avec des notions de psychologie, voire de sociologie (et/ou, soyons fous, de psychosociologie) sont souhaitables pour profiter au mieux de ce film, il s'agit là d'un vrai film de composition qui met en valeur ses acteurs. Un film complexe, et presque beau dans la déchéance qu'il met en scène.
Note :




Les Murmures.