Boys don't cry est le dernier roman de l'anglaise Malorie Blackman paru en France en octobre 2011 chez Milan.
Dante, dix-sept ans, attend les résultats de ses examens de fin d'études. Son rêve ? Aller en fac. Mais le jour où son ancienne copine débarque chez lui avec un bébé dans les bras son destin bascule. Celle-ci lui laisse la petite Emma, sa fille, et file sans lui laisser le choix. Dante se retrouve alors père, à dix-sept ans, d'une enfant d'un an. Comment gérer une paternité non désirée ? Comment apprendre, lorsqu'on vit avec son père et son frère, à s'occuper d'un enfant ? Et quel avenir, pour le jeune adolescent et sa fille ?
Attention, je le dis dès le début de mon billet, ce roman a été un énorme coup de coeur ! Je sais, 2012 commence sur les chapeaux de roues car j'en suis déjà à mon deuxième coup de coeur de l'année, mais je ne peux pas laisser passer une telle lecture sans mettre l'accent dessus (et pour ma défense, je peux passer des mois sans avoir de lecture qui me ravit...)
Boys don't cry aborde finement des thèmes sensibles proches des préoccupations adolescentes. Avoir un enfant à dix-sept ans, réfléchir à son orientation sexuelle (pour un des personnages secondaires), perdre un parent, sont autant de sujets délicats à traiter en littérature de jeunesse sans tomber dans la pathos. Malorie Blackman s'en sort haut la main, proposant avec ce roman un récit puissant à la tonalité dramatique indéniable. L'alternance de points de vue entre le personnage principal, Dante, et son frère, Adam, offre une intrigue riche qui ne se cantonne pas à la question de la paternité. Adam, le frère de Dante, assume son homosexualité malgré l'intolérance et les violences auxquelles il est confronté et permet d'offrir une réflexion sur cette question éloignée de celles qu'on peut trouver dans la littérature de jeunesse actuelle. Enfin, l'originalité de ce roman réside dans la façon dont l'auteure aborde le fait de devenir parent à l'adolescence. Il n'est pas courant, en littérature en général, en littérature de jeunesse en particulier, que ce soit un garçon qui soit confronté à ce problème. L'auteure va plus loin avec cette idée en faisant apparaître la petite Emma dans un univers exclusivement masculin. Dante vit seul avec son père et son frère. A lui de s'approprier sa paternité soudaine avec l'aide de ses proches. L'auteure met à bas tous les clichés du père absent et désintéressé et nous offre une galerie de personnages à la psychologie finement étudiée. J'ai été conquise par la capacité de Malorie Blackman à faire une narration à la première personne avec des personnages adolescents sans démagogie ni langage jeune ridicule. C'est difficile, en tant que romancier adulte, de se mettre dans la peau d'un ado. Et elle y parvient avec succès ! Cette première découverte de son oeuvre se solde par un gros coup de coeur. Moi qui n'ai pas encore lu Entre chien et loup et ses suites, cela ne saurait tarder... Encore une lecture professionnelle qui me ravit ! J'ai ri, j'ai pleuré, j'ai été émue... Bref, je ne peux que chaudement vous recommander la lecture de ce roman.
Et voici ma quatrième participation au Mois anglais de Lou, Cryssilda et Titine (et oui, Malorie Blackman est anglaise... moi aussi je croyais qu'elle était américaine !)
L'avis de Livrons-nous, qui avait adoré aussi.