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Rétrospective Spielberg à la Cinémathèque : arrêtez-vous-y si vous pouvez !
Par Cineblogywood @CineblogywoodBuzz : Longtemps, à chaque fois que j’entendais Steven Spielberg, je sortais mon revolver : racoleur, dégoulinant de bons sentiments, vieux avant d’avoir été jeune, creux, insipide, nostalgique des suburbs des 70’s, chantre de l’Amérique idéalisée - bref, un cinéaste qui faisait joujou avec le cinéma et qui ne m’intéressait pas.
Puis vint Anderton – d’abord, celui que vous lisez régulièrement ici, passionnément spielbergien depuis qu’il biberonne et qui tenta de me convaincre ; puis, Anderton, le héros de Minority Report. Alors là, oui, ce fut une révélation : comment le cinéaste infantilisant de ET avait-il pu commettre ce qui reste pour moi le modèle du film d’anticipation ? Sûrement un coup de chance. Heureusement la suite m’a démenti. Ce qui m’a "obligé" à revoir ses films précédents, et par-là même, mon jugement.
Flashback très subjectif sur 10 films à revoir lors de cette rétro :
Minority Report (2001) : sans doute le film le plus anxiogène de Spielberg, avec La Guerre des mondes. Tiré d’un roman de Philip K. Dick, une œuvre de SF parfaitement maîtrisée qui fait le bonheur des marketers et des politiciens d’aujourd’hui. Et dont l’anticipation a été très vite rattrapée par le réel. Son meilleur film ?
Duel (1973) : tourné pour la TV, sorti en salles chez nous. Coup d’essai, coup de maître : sens du suspense, découpage et mise en scène au scalpel, un pur film d’angoisse existentiel, dans des décors époustouflants. Spielberg y pose les jalons d’une de ses thématiques-phares : la beauté du diable. Prix de la mise en scène à Avoriaz.
Arrête-moi si tu peux ! (2002) : superbe générique pour cette évocation très pop et très solaire des 70’s. Portée par un duo solaire Leonardo DiCaprio-Tom Hanks, une chronique douce-amère sur les désillusions de l’âge adulte et la nécessité de conserver une âme d’enfant, malgré les vicissitudes. L’hommage de Spielberg à L’attrape-cœur de Salinger ?
La Guerre des mondes (2005) : LE film post-11 septembre par excellence, reflet des névroses paranoïaques et traumatiques d’un cinéaste catastrophé. Famille éclatée, pays exterminé, humanité au bord du gouffre. Malgré son pessimisme, sa violence et son souffle, un inexplicable triomphe au box-office US.
Munich (2006) : mal-aimé et mal reçu à sa sortie, à mi-chemin de la reconstitution historique et du film d’espionnage, Munich est avant tout une méditation mélancolique sur la perte : perte des repères, perte de la mère-patrie, perte de la famille. Et puis, Amalric, Lonsdale et Kassovitz dans un film de Spielberg, ça mérite le coup d’œil !
Il faut sauver le soldat Ryan (1998) : pour ces 20 premières minutes filmées caméra au poing, relatant in media res le débarquement des GI’s à Omaha Beach, un monument.
La Liste de Schindler (1994) : le film de la maturité. Malgré une ou deux scènes très contestables, le film vaut surtout pour son parti pris d’héroïser un Juste, non pour ce qu’il est (un parvenu jouisseur et égoïste), mais pour l’évolution de son comportement face à la Shoah. 7 Oscars en 1993.
1941 (1978) : le Japon envahit les Etats-Unis ! Une grosse farce menée tambour battant par un John Belushi en aviateur survitaminé, qui a longtemps fait tache dans la filmo du cinéaste de La Couleur pourpre. Plutôt potache que vraiment dérangeant. Spielberg n’a pas su aller trop loin.
E.T. (1983) :Tout ce que je déteste dans le film fait pour enfants. Un tire-larmes comme on n’en fait plus. Et pourtant, je dois l’avouer, je craque à chaque fois… ;-)
Les Dents de la mer (1975) : Le 1er blockbuster de l’histoire du cinéma, le film qui fit une victime : la génération du Nouvel Hollywood, accidentellement mise à l’écart par le savoir-faire de ce wonderboy à peine trentenaire, avec son compère George Lucas.
Petit événement : la Cinémathèque va nous permettre de revoir l’intégrale de son œuvre, à partir du 9 janvier, et ce en avant-goût de la sortie de son prochain film, le 22 février prochain. Vous pouvez vous y arrêter, si vous pouvez !
Travis Bickle