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Une vie meilleure (2012) de Cédric Khan

Publié le 06 janvier 2012 par Flow

Une vie meilleure.

(réalisé par Cédric Khan)

Plus laide la vie.

 

 

L'année cinématographique 2012 commence très bien! Ce film simple et authentique sur le malheur d'une «famille» résolument moderne vaut le détour. En plus de tacler le laxisme du gouvernement et plus généralement de la société. Plus que recommandable.

 

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Yann est un jeune homme ambitieux mais stagnant dans la société. A la recherche d'un emploi de chef, il rencontre Nadia. Ils décident alors d'ouvrir leur propre restaurant en souscrivant des crédits. Mais rien ne se passe comme prévu...

Le film est assez lent à démarrer. C'est sa principale faiblesse. Déconnecter son cerveau pendant cette bonne demi-heure vous ferait passer à côté de sacrés bons moments de cinéma. Ajoutez à cela une réalisation assez plan-plan et vous obtenez un long-métrage assez difficile d'accès. Pourtant, et je le répète, il vaut vraiment le coup pour peu que vous fassiez un petit effort.

Guillaume Canet y est tout d'abord excellent. Loin de ses rôles de beaux-gosses souriants habituels, cheveux coupés, il offre une palette d'émotions assez large. De la colère à la tristesse, en passant par la joie, en quelques secondes, il rend crédible la descente aux enfers de cet homme bien mais borné. Par ailleurs, une des forces principales de l'œuvre est de s'emparer d'un fait de société assez peu exploité au cinéma (ou du moins à ma connaissance, mis à part le récent Toutes nos envies de Philippe Lioret), le surendettement. Il est étonnamment facile de se foutre dans la merde en notre beau pays. Par ses ellipses, le film donne l'impression de rapidité. La situation du couple dégénère sans qu'on ne comprenne vraiment pourquoi. Le contraste entre la situation initiale des personnages (assez pauvre) et la facilité avec laquelle ils contractent des crédits (immobiliers et revolving, une aberration) est assez choquante. La critique n'en est que plus agressive. La descente aux enfers résultant de cette erreur, dans un Paris constamment gris et de plus en plus miteux, appuie l'idée que le laxisme ambiant (politique, social) est symptomatique d'une société individualiste et triste. C'est dans un pays étranger que les personnages auront droit à une seconde chance. Et ça, ce n'est certainement pas innocent. Cette idée de désintéressement de la misère d'Autrui est renforcée par la confrontation de Yann avec la Bureaucratie. Certains vont s'arracher les cheveux de la tête mais ces scènes m'ont fait penser au Procès de Kafka. Une administration tentaculaire, dénuée de sens et d'empathie qui écrase l'individu, qui le presse jusqu'à la moelle et l'abandonne à son funeste sort. Ce n'est évidemment pas aussi puissant que dans l'œuvre du torturé pragois mais l'idée est bien là. Preuve avec le dernier échange de Yann avec son banquier: «Il vous reste 80000 euros à payer. Je n'ai pas cet argent, je ne paierais pas. Ce n'est pas grave, on prélèvera automatiquement la somme sur chacun de vos salaires jusqu'à ce que la dette soit payée». L'absurde de la situation est bien kafkaïen.

Mais là où j'ai trouvé le plus de satisfaction, c'est dans la relation de Slimane (le fils de Nadia) et de Yann. Le film démarre vraiment lorsque la mère disparaît sans explication, laissant les deux autres abandonnés. D'abord incapables de communiquer, ils développent petit à petit une relation de complicité touchante et sincère (les scènes du vol de chaussures et de la pêche sont certainement les plus belles du film).

Une vie meilleure est la preuve que le cinéma français est capable de réflexion sociale et politique. Et rien que pour ça c'est déjà un bon film. Offrant en plus une relation touchante dans ses tumultes et marquante dans ses moments de complicité, avec laquelle Canet trouve un de ses plus beaux rôles et vous obtenez un très bon film. 2012 est lancée!

Note:

Pastèque de premier choix


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