C'est vrai, j'en ai peu parlé jusqu'ici. Le plus simple - hélas - est de rencontrer d'autres expatriés car le Québécois, s'il est doué d'une empathie et d'une simplicité peu commune, reste un Nord-Américain. L'amitié est donc longue à se faire....
Alors il y a les couples d'universitaires franco-mexicains, ici depuis dix ans, qui songent à repartir... Les thésards et post-docs tous étrangers (le Québec souffrant d'une très forte désaffection pour les études un peu longues...), qui commentent la Coupe d'Afrique des Nations plutôt que les matchs de hockey. Ou la mort du patriarche grec Christodoulos que peu de gens regretteront.
Et puis, hors du monde académique en vase clos, il y a parfois des rencontres inopinées : une créatrice de mode artiste-peintre qui de temps en temps, répare des vêtements dans une laverie automatique. Une biologiste qui fait systématiquement mourir, des façons les plus variées, toutes les plantes qu'on lui offre. Un réparateur de boules de bowling (c'est comme bourreur d'ours, ça vous donne un certain cachet) qui joue au squash comme si sa vie en dépendait....
Je peux aussi parler de ceux qui passent nous voir, en trop petit nombre. Qui découvrent le pays avec nous, son enchantement, reviennent modifiés et je l'espère, heureux. Et puis nous-mêmes, qui nous rencontrons tous les jours dans le miroir que nous tend la société québécoise. La complicité grandit elle aussi,jour après jour.