Vous savez, j’ai toujours eu peur des balades. Depuis toute petite. A vrai dire, depuis mes 10 ans, depuis une balade à poney. Ce jour là, on était plusieurs cours réunis et on est parti en balade. A l’époque, j’appréciais beaucoup les balades, les galops, la liberté, la nature… Et puis, des coureurs sont arrivés et ont effrayé les poneys, qui sont partis au galop.
Je suis tombée et mon pied est resté coincé à l’étrier. J’ai été trainé, sur plusieurs mètres. A la suite de cela, j’ai eu la moitié du visage brulé. Je ne pouvais plus parler ni manger pendant plusieurs mois. Cela ne m’as pas empeché de reprendre l’équitation.
Mais les balades, c’était terminé. Excepté en camargue, où les chevaux mettent en confiance immédiate et une fois avec des chevaux de balades (c’était le seul moment où j’acceptais cette discipline, il fallait que les chevaux soient habitués, le fassent régulièrement, pour que j’accepte de le faire.).
Bref, depuis que j’ai Krunch, j’ai cette envie, ce rêve, de pouvoir faire des balades avec lui. De partir en forêt, de n’être que lui et moi, de partager ce moment de complicité hors du commun. Mais la peur était là et puis Krunch n’est pas un cheval de balade, et puis, Krunch a des réactions vives, et lorsqu’il a peur, parfois on ne peut plus l’arrêter. Ce sont toutes ces raisons, plus le fait que personne dans mon ancien club ne m’avait proposé l’idée, qui ont fait que je n’avais jamais osé. Et que, pour moi, ce ne serait pas réalisable.
Et pourtant. Des mes premiers cours avec ma monitrice, on a abordé l’idée, qui s’est vite transformé en projet. Et puis, un jour, c’est arrivé. Il y a maintenant une semaine et demi. Lorsque ma monitrice m’a proposé de partir en balade, me disant que Krunch était calme dans son nouvel environnement, j’étais ravie, j’ai sauté sur l’occasion.
Et puis, le jour J est arrivé. Je dois vous avouer, sur le trajet pour aller au centre, j’étais terrifiée. Je ressentais la peur, la vraie. Celle qui prend aux tripes et ne vous lache pas. Je ressassait les souvenirs de mon accident, mes mois de souffrances. J’imaginais Krunch, terrifié, m’embarquant. Je suis arrivé au centre, nerveuse, la boule au ventre.
J’étais arrivée en avance, pour pouvoir lacher Krunch et qu’il se défoule. Il n’en a rien fais, était tout calme, tout gentil, tout adorable <3. Et son contact m’a profondément apaisé. Et pourtant, tout s’était ligué contre nous, franchement, ce n’était vraiment pas le jour, 100 fois je me suis dis « je peux encore rentrer chez moi ». Pourquoi ? Oh, vous allez vite comprendre…
Ma mono m’avais dit de longer Krunch avant la balade. Après l’avoir préparé je me dirige donc vers le rond de longe. Un tracteur était proche mais en liberté, ce n’avait pas géner Krunch. Je commence donc à le longer et à main droite, ça allait. Krunch passait devant le tracteur sans trop de mal et m’écoutais. A main gauche, la catastrophe. Dès que Krunch passait devant il partait plein cul galop et le temps que je le calme, il était à nouveau à coté du tracteur. Un cercle infernal qui faisait vraiment peur à loulou. Il ne faisait pas semblant. J’ai tant bien que mal réussi à l’apaiser et ait décidé d’aller terminer la longe dans la carrière. Krunch avait réellement peur, inutile de le stresser pour rien.
Ah ah ! Arrivée dans la carrière, je remarque des motocross sur le début du chemin de balade. Super. Plus une tronçonneuse pas loin. Non, vraiment, il ne fallait pas en faire autant pour notre première balade ! Le tracteur suffisait amplement… La tronçonneuse, à la limite, d’accord. Mais les motocross, PITIE !
Evidemment, je n’étais pas la seule à avoir remarqué ces êtres terrifiants et bruyants (c’est bien pire que les croques mitaines, là !!). Dès que krunch passait près de l’endroit des motocross, il partait plein cul, coup de cul, dérapage, vraiment, merveilleux…
J’arrivais à peine à le calmer quand ma monitrice est arrivée. « Alors, comment il est ? » « Il aime pas les motocross » « oh, super, on va bien s’amuser » ! *pité, laissez moi rentrer chez moiiiiiii*. Je vous jure, j’en menais pas large. « Stress pas hein, ça va aller » « Bah, c’est que, quand même… » « Mais nooon, ça va aller ! ». Ah, si tu le dis…
Elle m’aide à monter et me dis de le détendre avant la balade. Pas, trot, galop, l’avantage c’est qu’il était déjà échauffé. Elle m’oblige à le bouger (et donc, à me concentrer) au trois allures et je finis par avoir un cheval sur la main, qui commence à se poser. Bon, rassurant.
Ca y est, on est parti. Evidemment, notre chemin rencontre celui des monstres à deux roues. Le premier tourne avant (dieu merci !) mais le second lui, non. Pauvre c***. Non parce qu’il passe à coté, il était obligé. Mais parce qu’il coupe le moteur à notre vue (encore heureux !) mais qu’il n’attends pas qu’on soit éloigné ni même qu’il ait fini de nous croiser pour redémarrer et repartir plein pot. Krunch, lui, n’a PAS DU TOUT apprécié. Et moi non plus. Mais heureusement, l’étalon de ma mono, lui n’en avait que faire. Du coup Krunch s’est contenté de piaffer sur place, et de souffler comme un fou. Ok, ça commence bien.
Pour résumer, cette balade fut la balade aux milles découvertes. Train, quad, voiture, chiens qui aboient, camions (ça faisait très très peur, je sentais le coeur de Krunch battre fort, c’était impressionnant !) poules, Krunch a été, en résumé, un amour. Mis à part quelques foulées de piaffer, Krunch était génialissime : calme, détendu, il finissait même par brouter en fin de balade.
Je suis rentrée le coeur emplie de joie : j’avais oublié d’avoir peur une fois les motocross passées. J’étais trop occupée à me concentrer sur mon amour, ma bête, mon partenaire, mon cheval, qui découvrait un univers inconnu, effrayant et merveilleux, mais le tout, dans le calme et la sereinité. En confiance.
J’étais en confiance et lui aussi. Et surtout, il me respectait. En carrière, il lui arrive de péter un plomb et de partir plein cul quand une mouche passe un peu trop près. Là, des bruits effrayants, inconnus, sont apparus dans un environnement qui l’étais tout autant. Il aurait pu fuir, me faire tomber, il aurait pu, il en avait largement la force. Mais, il a pris sur lui et n’as absolument rien fais. Il m’écoutais lorsque je lui parlais, était réceptif à mes caresses.
Et, grâce à cette balade, j’ai pu vaincre ma peur. J’aurai encore quelques appréhensions, bien évidemment, mais j’aurai surtout beaucoup de hâte à l’idée de le faire.
Merci à lui, ce beau grand bai cerise d’1m70, qui m’a offert son courage et sa force, pour vaincre une peur qui me suivaient depuis 10 ans.
Ma force, mes ailes