Reste que cette annonce donne une visibilité soudaine à une tendance de fond au Sénégal : le déplacement des frontières entre société civile et classe politique. De plus en plus de personnalités non partisanes partent à la conquête des institutions publiques.
En proclamant qu'il est « l'alternative à l'alternance », bien qu'étant nouveau en politique, Youssou N'Dour met une voix populaire sur une tendance de fond, silencieuse. Celle d'un renouvellement de la politique sénégalaise depuis l'extérieur du système des partis.
Les grands débats organisés lors des Assises nationales de 2008 et 2009 ont constitué, rappelle Rfi, un jalon important de cette évolution.
Lors des élections locales de mars 2009, on a ensuite vu se forger des alliances nouvelles entre société civile et partis. Il y a eu également l'efflorescence de « mouvements citoyens » de 2010, puis la naissance en 2011 du M23, le cadre créé entre partis et organisations apolitiques après les manifestations contre la réforme de la Constitution.
Pour la présidentielle à venir, différents candidats « indépendants » veulent porter cette parole extérieure aux partis : Youssou N'Dour, le diplomate Ibrahima Fall ou l'universitaire Amsatou Sow Sidibé, mais aussi le journaliste Abdoulatif Coulibaly, jusqu'à ce qu'il annonce le retrait de sa candidature, ce mercredi 4 janvier.
« Les appareils politiques traditionnels ont largement perdu de leur capacité à faire rêver les gens au Sénégal, analyse le chercheur en science politique Alioune Badara Diop. Alors que dans le même temps, ils n'ont pas fait jouer la démocratie en interne ».
C'est donc hors de ces partis qu'une offre politique nouvelle s'est mise en place.